Entre le monde et l'écran
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vendredi, mai 25, 2007

S'étaler au grand jour

Est-ce qu'il vous est déjà arrivé, après avoir rencontré une nouvelle personne, ou en pensant à un vieil ami perdu de vue, d'aller taper son nom sur Google, question d'en savoir plus sur lui ou sur elle ? Moi, je dois l'avouer, je le fais souvent ! Certaines personnes sont très branchées, très connectées, et généralement, on peut trouver des tonnes d'information sur ces personnes en les "googlelant". D'autres personnes, au contraire, ne sont pas branchées du tout, ou en tous cas, sont quasi inexistantes sur le Web, et je dois dire que je trouve toujours un peu frustrant de ne rien trouver du tout quand je fais une recherche sur une telle personne...

Pourquoi je parle de ça ? C'est qu'en fait, quelqu'un m'a dit, récemment, que quand on faisait une recherche avec mon nom sur Google, mon blogue n'apparaissait pas dans les liens suggérés. En tapant mon nom dans Google, on peut en apprendre beaucoup sur moi, sur les activités auxquelles j'ai participé, on peut lire des textes que j'ai publiés ici et là... mais on trouve difficilement mon blogue. Dans le monde des blogues, où chacun (ou presque) cache le désir secret d'avoir un immense lectorat, c'est une mauvaise chose. Vaut mieux être facile à trouver... Mais vous savez quoi ? Dans mon cas, cette espèce d'anonymat au sein de la blogosphère est un peu voulue...

C'est qu'en fait, pour certaines personnes, étaler au grand jour son réseau d'amis sur Facebook, montrer ses photos sur Flickr, présenter ses vidéos sur YouTube et, pire encore, avoir son propre blogue, c'est un peu faire preuve d'exhibitionnisme... et c'est condamnable. Et moi-même, je n'ai pas une idée tout-à-fait arrêtée sur la question. Les raisons pour lesquelles je blogue sont nombreuses. Mais ce n'est pas sans doutes et sans scrupules que je partage sur le Web mon quotidien, mes idées, mes réflexions et mes questionnements... Qu'est-ce qui se cache derrière mon désir de bloguer ? Ce n'est pas toujours clair... Mais j'ai bien peur que les raisons qui me motivent à bloguer ne sont pas toutes d'une noblesse infinie... Ainsi, j'aime qu'on me lise, j'adore qu'on me lise, j'adore qu'on commente mes billets... Mais du même coup, j'aime bien établir une certaine distance entre celle qui écrit sur mon blogue, et celle que je suis... Justement parce que je ne suis pas complètement à l'aise avec cette idée de "s'étaler au grand jour"...

mercredi, mai 23, 2007

Le temps

Dernièrement, en me promenant seule sur la rue Ste-Catherine, j'ai essayé d'être attentive aux bribes de conversations qu'il m'était possible de capter chaque fois que je croisais des marcheurs :

"Caro est en train de se faire faire les cheveux, elle en a pour un bon deux heures..."
...
"C'était il y a trois semaines... un mois maximum..."
...
"Mercredi, tu n'étais pas là... tu étais là le mercredi d'avant..."
...
"Je suis en route, j'arrive dans cinq minutes..."
...


Non, mais... sommes-nous tellement obsédés par le temps ?!!

dimanche, mai 13, 2007

La IPod Mania

Avant d'être à Montréal, ça faisait longtemps que je n'avais pas visité une grande ville nord-américaine ou européenne. Les dernières en liste sont : Toronto, Bruxelles (2004), Varsovie (2003), Londres, Edimbourg (2001), Paris (2000). Ainsi, je ne sais pas si le phénomène est généralisé à toutes les grandes villes occidentales. Je peux confirmer en tous cas que Montréal est bel et bien aux prises avec une invasion d'IPod ! J'ai l'air critique quand j'utilise le mot "invasion" ? En fait, je le suis, mais en partie seulement. Maintenant que je suis une utilisatrice quotidienne des transports en commun, je dois avouer que je vois dans le IPod une utilité certaine, et que je songe même sérieusement à m'en acheter un. Plutôt que de passer de nombreuses minutes chaque matin et chaque soir à regarder les autres passagers, tantôt mal réveillés, tantôt épuisés après une journée de travail, je pourrais relaxer au son d'une bonne musique, ou me divertir en écoutant des podcasts. Je pense même à me gâter sérieusement en m'achetant un IPod-vidéo, ce qui me permettrait, à la limite, d'écouter des films au cours de ces longs trajets quotidiens en bus et en métro.

Donc, oui, je l'avoue, je comprends très bien qu'autant de gens aient succombé à la tentation IPod. Sauf que je me questionne sur le phénomène. Est-ce que je peux me permettre d'entamer une conversation avec quelqu'un qui est bien enfermé entre ses deux écouteurs, au milieu de sa musique, de son monde ? Peut-être que oui, je peux me le permettre, rien ne m'en empêche. Mais avouez que c'est pas facile ! La nostalgique en moi parle encore, mais... mes balades dans le métro de Montréal, où je suis entourée de zombies qui vivent dans un monde différent du mien, sont tellement différentes de mes ballades en sotrama, au Mali, où régulièrement, les passagers entamaient des conversations...

D'accord, je le concède, les conversations entamées dans les transports en commun sont rarement d'un intérêt vital. Elles sont mêmes, parfois, franchement ennuyantes. Quand même, n'existe-il pas un équilibre entre "je suis ouverte, parlez-moi, je suis toute ouïe, je n'ai plus d'intimité" et "je ne suis pas là, n'essayez pas de me parler, c'est inutile" ?

Mais peut-être qu'en fait, quand on vit dans une grande ville, on est tellement sollicités de toutes parts, tantôt par la pub, tantôt par les mendiants, tantôt par ces centaines d'organisations qui récoltent des fonds, tantôt par les journaux, tantôt par la télévision (il y a de nombreux écrans de télé dans la station de métro Berri-UQAM), qu'il devient nécessaire de se construire une sorte de bulle dans laquelle personne ne peut entrer... Peut-être que, quand on habite une grande ville, on atteint un jour un stade limite où on ne recherche plus le contact avec "l'autre", parce que "l'autre" cherche trop à entrer en contact avec nous... Le IPod, au fond, est peut-être une sorte de "bouclier moderne"...

mardi, mai 08, 2007

Un mois déjà !

Ça fait maintenant un mois que je suis revenue du Mali. Étrangement, j’ai l’impression que ça fait une éternité ! Non pas parce que le dernier mois m’a paru horriblement long. Au contraire ! Le temps a passé trop vite. J’ai à peine eu le temps d’ouvrir un peu mes valises au cours des deux semaines que j’ai passées en Beauce que déjà, je repartais vers Montréal. Dans un sens, un nouvel appart, un nouvel emploi, une nouvelle ville, si rapidement après mon retour, ça a du bon. Ainsi, je ne suis pas aux prises avec cette foutue déprime qui guette quiconque revient au pays après un long séjour à l’étranger, déprime normale quand on imagine un peu le passage d’un quotidien rempli de nouveauté, de découverte et de surprises à un quotidien… routinier, rempli de vieux repères, de vieilles connaissances, sans nouveauté, sans surprise. Ainsi, toute la nouveauté de mon nouveau quotidien montréalais me garde un peu éloignée de la déprime du retour. Cependant, entre deux journées de travail, il m’arrive de m’arrêter quelques minutes, il m’arrive d’avoir quelques minutes de lucidité au cours desquelles un mélange de tristesse, de nostalgie et de déception me guette, quand je pense au Mali, le Mali qui me manque, le Mali qui est déjà si loin dans mon esprit qu’on dirait un rêve, rien de plus. J’ai l’impression d’avoir rêvé les 6 derniers mois et je suis déçue quand je pense que, même si je suis maintenant à plus de 8000 km de mes amis maliens, ma vie continue, sans eux, et leur vie continue, sans moi. Je suis déçue de constater qu’après avoir fait tant d’efforts pour m’intégrer dans un environnement, un pays, une culture, tout est fini déjà, je continue ma vie de mon côté, eux continuent leur vie de leur côté, et un rapprochement futur est difficilement envisageable compte tenu de la distance qui sépare nos deux pays. Je n’aurai été qu’un intermède dans leur vie, ils n’auront été qu’un intermède dans la mienne.

Ainsi, plus je voyage, plus j’accumule les séjours à l’étranger, plus je me questionne. J’ai des amis à Québec, Montréal, Ottawa, Halifax. J’ai des amis à Casablanca, Bamako, Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Hiroshima. Mais à quoi servent des tas d’amis quand ils sont dispersés un peu partout dans le monde ? À quoi servent des tas d’amis quand, au bout du compte, je me retrouve seule au milieu d’une ville immense ?... Je ne peux même pas envisager la possibilité d’un jour réunir autour de moi tous ces amis dispersés au travers le monde. Je ne peux que me réjouir des bons moments que j’ai passés avec eux, en faisant attention de ne pas sombrer dans la nostalgie, et espérer un jour les revoir et passer à nouveau de bons moments avec eux…

dimanche, mai 06, 2007

Montréal, une ville agréable ?

Montréal, quand on pose sur elle un oeil extérieur, depuis la Beauce par exemple, nous apparaît comme une grande ville, avec tout ce que ça comporte d'inconvénients : les embouteillages, la pollution, le bruit, le béton, l'absence d'espaces verts, etc. Mais alors que je reviens tout juste de Bamako, Montréal m'apparaît tout-à-coup comme une ville propre, calme, où l'air est bon. Ça m'a frappée quand, cette semaine, en revenant chez moi, j'ai traversé le Parc Lafontaine. Si l'air de ce grand parc urbain cache peut-être bien de la poussière et de la pollution, en tous cas je ne les sens pas glisser de mes narines à mes poumons, comme c'était le cas à Bamako. Au Mali, je rentrais chaque soir à la maison le nez noir de poussières et de vapeurs d'essence. Le bruit et la solicitation étaient incessants, fatiguants, et m'obligeaient à me coucher beaucoup plus tôt qu'à mon habitude. La circulation était infernale, et se ballader en plein centre-ville a toujours été une corvée plus qu'un plaisir.

Ainsi, quand je compare Bamako à Montréal, il me semble soudainement que cette dernière déborde d'espaces verts. Pourtant, quand j'habitais Québec, il me semblait que Montréal était une ville de ciment, de béton et d'asphalte, où les rares arbres tentaient tant bien que mal de se tailler une place entre deux trottoirs. Si Montréal est peut-être effectivement un peu moins verte que Québec, c'est malgré tout une ville pleine de parcs, assez dispersés dans la ville pour satisfaire le montréalais à la recherche d'un espace vert, peu importe où il se trouve. Ainsi, même si je suis toujours à l'étape "découverte, exploration", je suis surprise de voir en Montréal une ville agréable... Quand on dit que voyager change le regard qu'on porte sur les choses...