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lundi, avril 02, 2007

Une nuit chez les Touaregs

Je suis maintenant de retour à Bamako, il ne me reste plus que 3 jours à passer au Mali, je rentre au Canada le 6 avril. J’espère donc profiter au maximum des derniers jours qu’il me reste à passer ici. Malgré tout, je l’ai dit, il y a beaucoup à dire de mon séjour à Tombouctou. L’expérience sans doute la plus intéressante que j’ai vécue là-bas est la nuit que j’ai passée dans une famille de Touaregs. Ces gens m’ont toujours fascinée. Comment peut-on vivre ainsi dans le désert, sans eau, sans rien ? Et puis la vie de nomades aussi me fascine. Bref, je suis allée passer une nuit dans une famille de Touaregs. A première vue, ma petite nuit désertique ressemblait pas mal à une mise en scène pour touristes, avec la balade à dos de dromadaires et tout et tout. En passant, se promener à dos de dromadaire, c’est tout sauf confortable ! Et puis ça marche pas vite, ces bêtes-là !

Mais une fois sur place, il n’y avait plus de mise en scène du tout. Même que je me suis un peu demandée ce que je faisais là ! On a posé une natte par terre sur le sable, je me suis assise, et puis bon... La famille s’est assise près de moi, ils ont discuté en tamasheq (une langue dont je ne connais pas un traître mot), et de temps en temps, le chef de famille venu me chercher à Tombouctou me demandait si tout allait bien… Bref, je n’ai rien fait là-bas sinon observer la famille. Je me sentais un peu mal à l’aise, je dois l’avouer. Je me disais "j'arrive ici, je ne sais même pas comment saluer ces gens dans leur propre langue, et je les observe comme si j'étais dans un zoo..." Quand même, je n’ai pas cessé de me répéter à quel point ces gens-là mènent une vie tellement, mais tellement différente de ce à quoi je suis habituée ! En comparaison, la vie à Bamako m’est apparue soudainement très familière ! C’est pour dire !

A part le chef de famille, j’ai discuté un peu avec un petit garçon d’une dizaine d’années. « Discuter », c’est beaucoup dire. Il m’a surtout demandé d’écrire pour lui les chiffres de 1 à 10. Ainsi, j’ai réalisé que ces enfants-là, non seulement ils ne vont pas à l’école, mais ils ne savent même pas compter ! Les seuls chiffres que le petit connaissait, ce sont les chiffres que sa maman lui a montrés. Celle-ci m’a expliqué qu’elle était allée, étant petite, dans une école pour Touaregs qu’on avait installée dans le désert. Mais maintenant, la seule école se trouve à Tombouctou et la famille n’a pas les moyens de payer le matériel scolaire. Donc aucun des enfants de la famille ne va à l’école. Toute la journée, ils s’occupent des animaux, les chèvres, les vaches, les moutons et les dromadaires. Les filles font la cuisine. Essentiellement, ils mangent du riz et de la viande. Ils ne boivent presque pas d’eau. Quand j’ai offert un peu d’eau au Touareg venu me chercher à Tombouctou, il m’a dit « Non merci ! » en m’expliquant que les nomades avaient l’habitude de boire très peu…

Bref, j’ai passé la nuit sur ma natte, j’ai dormi sous les étoiles, et le lendemain, le Touareg m’a fait faire le tour du terrain près de sa maison (un genre de tente de paille). Tout autour, il y avait des familles d’éparpillées comme ça dans le désert. Le monsieur m’a expliqué que, quelques fois par année, ils se déplacent, quand il n’y a plus rien à manger pour les animaux là où ils se trouvent. C’est la raison d’ailleurs pour laquelle leurs maisons sont très sommaires. Ce qui m’a surprise le plus, je pense, c’est qu’ils réussissent à vivre presque sans eau. Comme je l’ai dit, ils boivent très peu, ils cuisinent avec un minimum d’eau, ils se lavent de façon sommaire… j’ai l’impression qu’en fait, dans plusieurs circonstances, le sable remplace l’eau, notamment pour nettoyer la vaisselle. D’ailleurs, à Tombouctou, on parle du sable comme d'un épice supplémentaire dans la nourriture. Parce que c'est inévitable, il y a toujours un peu de sable qui se mélange aux plats.

Mais pour en revenir aux Touaregs, je dois le dire, je continue d’être fascinée par ce peuple. Toute la nuit je me suis dit "Mais c'est pas croyable, c'est pas croyable..." Du Canada au Mali, les habitudes de vie peuvent être tellement différentes ! Comme quoi l'être humain sait s'adapter à son environnement d'une façon assez incroyable !!