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samedi, mai 24, 2008

Les asperges du Québec

Des asperges du Québec : c'est ce que je viens de manger. Je cuisine toujours les asperges de la même façon : dans le four avec un peu d'huile et un peu de sel. Une fois de temps en temps, elles accompagnent bien toutes sortes de mets. Mais ce soir, ce sont des asperges du Québec que j'ai cuisinées, grosses et bien juteuses, et c'était délicieux. Rien à voir avec les asperges que je cuisinais l'hiver dernier, venues tout droit de... En fait, d'où viennent les asperges vendues en épicerie l'hiver ? De la Californie ? En tous cas, elles n'ont rien à voir avec celles que j'ai mangées ce soir.

Ce qui m'amène à réfléchir à la pertinence d'avoir accès à presque tous les fruits et légumes voulus à longueur d'année, au Québec. Tout au long de l'hiver, j'aurais pu acheter de grosses fraises californiennes à l'épicerie. Mais alors que de gros flocons tombaient dehors, je regardais les fraises avec un brin de dégoût. Pourtant, j'adore les fraises. Quand ma coloc, tout-à-l'heure, a avalé quelques cerises en disant "Je pense que les cerises sont mon fruit préféré", j'ai pensé "Hum... probablement que les fraises sont mon fruit préféré..." Mais j'aime les fraises qui poussent ici en juillet, juteuses, sucrées, fraîches. Comment peut-on savourer les fraises californiennes, qui mûrissent dans un camion, qui sont fades et surtout pas sucrées ? Franchement, je me suis empêchée d'en acheter durant tout l'hiver, de peur d'être trop déçue.

Le fait que des fruits fades et sans goût se vendent au Québec à l'année longue me fait réaliser ce que quelqu'un m'avait déjà fait remarquer : ici, nous savourons peu les aliments. On se contente de manger, en "épiçant" les produits. Un peu de crème par ci, du sirop d'érable par là, beaucoup de sel ici, beaucoup d'huile là. Au bout du compte, on s'en fout un peu que les fraises soient si peu savoureuses en plein coeur du mois de janvier... Sauf que... on prend ainsi de mauvaises habitudes. On finit par préférer les aliments transformés aux aliments frais. On finit par préférer les aliments épicés, salés, huilés, beurrés, sucrés...

L'hiver prochain, je pense que ce ne sont pas seulement les fraises que je vais condamner. Je risque de condamner aussi les asperges. Et c'est avec l'eau à la bouche que je dégusterai les asperges du Québec, en mai 2009 !