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mardi, février 20, 2007

Chaude Afrique

Il fait chaud ces temps-ci en Afrique de l’ouest ! Et je ne parle pas seulement de la température !

En Guinée-Conakry, voisine du Mali, une grève générale paralyse le pays depuis plus d’un mois et a fait déjà plus d’une centaine de morts. Les syndicats sont à l’origine de la grève générale, lancée le 10 janvier, et dirigée contre la corruption et l’ingérence dans les affaires judiciaires du président, Lansana Conté. En décembre dernier, l’homme d’affaires Mamadou Sylla et l’ex-ministre Fodé Soumah, tous deux accusés d’avoir détourné 2 millions d’euros, ont été libérés sur ordre du président lui-même. C'est ce qui a scandalisé le pays. La grève a été suspendue le 28 janvier, suite à un accord entre les syndicats, le patronat et le gouvernement, prévoyant des mesures sociales ainsi que la nomination d’un Premier ministre de «consensus». Mais elle fut réactivée le 12 février dernier, après que Eugène Camara, jugé trop proche de Conté par les syndicats, ait été nommé Premier ministre. Les manifestants, ainsi que les syndicats et les partis de l’opposition, ont alors exigé la démission du président Conté, qui est au pouvoir depuis 23 ans. Depuis, le pays est en état de siège : les réunions sont interdites, tant en public qu’en privé, tout comme les cortèges, défilés et manifestions, et un couvre-feu empêche la population de sortir 20h sur 24. De plus, de sévères restrictions sont imposées à la presse. C’est la deuxième fois en 6 mois qu’une grève massive est lancée en Guinée. Les Etats-Unis, déjà, ont évacué du pays leurs ressortissants, et certains craignent une guerre civile. D’ailleurs, la situation en Guinée attire de plus en plus l’attention internationale.

Pendant ce temps, au Sénégal, on prépare l’élection présidentielle, prévue pour le 25 février. En tout, 15 candidats sont en lice, dont les principaux : Idrissa Seck, ancien chef du gouvernement sénégalais, et Abdoulaye Wade, l’actuel chef de l’Etat. Pour la première fois depuis 1960, les militaires, gendarmes, policiers, douaniers, agents des services des Eaux et Forêts, etc. ont été autorisés à voter, huit jours avant les civils, grâce à une loi votée en juin 2006. Depuis l’indépendance du pays en 1960, ils étaient privés de vote. La campagne électorale se déroule dans une ambiance plutôt calme, mais plusieurs dirigeants de l’opposition ont été arrêtés, le 27 janvier dernier. Ils manifestaient pour protester notamment contre «le découplage des élections présidentielle et législatives» et «pour un respect des institutions et du code électoral sénégalais».

Enfin, au Mali, on prépare également les élections présidentielles, prévues pour avril prochain. Pour l’instant, tout indique que c’est le président actuel, Amadou Toumani Touré, qui sera reconduit au poste de président. En effet, l’Alliance pour la démocratie et le progrès compte désormais 33 partis politiques qui se sont engagés à assurer la réélection du président Touré, en poste depuis 2002. Cette convergence en faveur d’ATT réduit le nombre d’acteurs disposés à se présenter à l’élection présidentielle, outre les difficultés financières. De plus, on reproche à l’ORTM (la radio et télévision publique du Mali) d’offrir un traitement médiatique favorable à l’équipe d’ATT.

Les élections présidentielles maliennes sont de plus teintées du scandale ATT-Cratie : un livre publié aux Editions l’Harmattan l’automne dernier par un auteur anonyme, Le Sphinx, présente le pouvoir ATT comme une dictatures sont des régimes autocratiques). C’est une accusation grave pour un pays souvent considéré, à l’étranger, comme une démocratie exemplaire en Afrique. Depuis, un procès en diffamation a été intenté contre les Editions l’Harmattan par des citoyens maliens ou étrangers cités comme étant impliqués dans des malversations. En retour, de nombreuses personnalités, notamment des dirigeants du secteur privé, ont été cités comme témoin par l’Harmattan : le président de l’Assemblée nationale, le président du Conseil Economique, Social et Culturel, le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie et le président de l’Ordre des Architectes.

Radio France Internationale (RFI) publie régulièrement des articles sur la situation en Guinée.

Afribone publie tous les jours les grands titres des principaux journaux maliens.