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mercredi, janvier 31, 2007

La pluie et le beau temps

Parler de la pluie et du beau temps, vous vous en douterez, n’est pas une habitude malienne. En effet, à Bamako, il fait toujours beau. Je suis au Mali depuis 4 mois maintenant, et j’ai vu la pluie tomber deux fois seulement. Et chaque fois, elle a ennuagé le ciel au maximum une heure. Peut-on se blaser du soleil ? Je ne crois pas. Je vois bien l’impact positif du soleil sur l’humeur, la mienne et celle des autres. Malgré tout, croyez-le ou non, il m’arrive d’espérer, quand le ciel saturé de poussière ressemble à un ciel nuageux, qu’une journée de pluie va bientôt arroser Bamako. Il est peut-être indécent de parler de la pluie qui me manque, quand je sais que la plupart de mes lecteurs endurent ces jours-ci des températures oscillant entre -10 et -30 degrés Celsius. Mais c’est un fait, il arrive que la pluie me manque, en partie parce qu’avec elle, la ville serait beaucoup moins poussiéreuse, en partie parce que la pluie rafraîchit l’air... Mais ce qui me manque, par-dessus tout, c’est l’une de ces journées de pluie qui pousse à la paresse, qui oblige tout le monde à se cacher à la maison, devant un film, avec un livre. La pluie, il me semble, a cette capacité d’apaiser les esprits, d’arrêter le temps un moment… N’avez-vous jamais remarqué, quand la pluie tombe après le tonnerre et quelques éclairs, que tout le monde se tait, comme si la pluie incitait au rêve, au recueillement?…



À Bamako, le calme et la tranquilité ne sont pas des mots à la mode. Il y a des matins où, quand je vois le soleil briller, il me prend des envies d’aller tranquillement boire mon café sur la terrasse, espérant écouter le chant des oiseaux, le bruit du vent qui souffle dans les feuilles des arbres. Plutôt, j’entends les enfants crier, des ballons qui frappent sur les murs, des femmes qui pilent le grain, des tailleurs ambulants qui frappent leurs ciseaux pour qu’on sache qu’ils sont là, la trompette des vendeurs de glace qui fait “pouet ! pouet!”, l’appel à la prière que l’on chante dans des haut-parleurs des mosquées. Quand les gens sortent leur tapis de prière pour se recueillir quelques minutes, ils le font dans un bruit incessant… D’ailleurs, les Maliens semblent beaucoup moins indisposés par le bruit que l’occidentale que je suis peut l’être. Le son de la télé, mélangé à la musique qui joue à tue-tête, mélangé aux conversations des gens, mélangé au cri des enfants, mélangé à l’appel à la prière, il y a rien là ! Alors qu’avec autant de bruits, je deviens rapidement à fleur de peau, les Maliens ne semblent pas s’en formaliser. C’est normal… c’est la vie quoi ! Effectivement, le bruit, c’est signe de vie… Mais arrêter le temps quelques heures, c’est possible ?... Ou alors c’est un luxe qu’on ne peut pas se payer quand on sait que l’espérance de vie dans son pays est de 48 ans à peine ?...