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mercredi, octobre 25, 2006

C'était la fête à Bamako !

On savait que la fin du ramadan approchait, mais ce n’est que samedi soir, après le lever de la lune, qu’on a su qu’effectivement, la fête aurait lieu le dimanche. En effet, c’est la façon dont se déploie la lune qui indique quand exactement se terminera le mois du carême pour les musulmans, ce qui explique que la fin du ramadan ne tombe pas toujours au même moment, selon le pays où l’on se trouve.

Avant même que le jour officiel de la fête soit déterminé, avant même que ne se lève la lune, Bamako était en feu ! Avec Amélie, venue de Dakar pour visiter un peu ma ville d’adoption, j’ai magasiné au marché N’Gololina et au grand marché du centre-ville. Le premier avait été déserté par les clients, mais il était rempli de vendeurs pressés de vendre. À cause de la fête, tout le monde à Bamako avait besoin d’argent : il faut acheter beaucoup de nourriture et gâter les enfants avec des cadeaux et de nouveaux vêtements. Au centre-ville, le grand marché était complètement bondé ! En vue de la fête, tout le monde cherchait à vendre, tout le monde cherchait à acheter. Et comme tout se négocie ou presque à Bamako, faire des achats, c’est pas une mince affaire ! Il faut s’armer de bons arguments, et surtout de patience.

Quand, le soir, le taxi que nous avons emprunté a eu la mauvaise idée de passer par le grand marché pour traverser le centre-ville, la ville était devenue complètement chaotique. Nous avons mis 30 minutes pour traverser une distance qu’on traverse normalement en 5 minutes, pressés de toutes parts par les voitures, les sotramas et les piétons, et harcelés par les klaxons et les vendeurs qui ont l’habitude de s’arrêter aux fenêtres des voitures, pour un service à l’auto nouveau genre. Et la fête n’était pas commencée !

Le dimanche matin, c’est la prière chantée à la mosquée tout près qui m’a réveillée. Après la prière, une foule a quitté la mosquée dans un long cortège coloré. Pour l’occasion, les petites filles étaient nouvellement tressées, les enfants portaient des habits et des souliers neufs et, comme les femmes, de beaux bijoux en or (ici, ici et ici). Certaines petites filles avaient les sourcils maquillés alors que d’autres portaient sur les pieds et les mains des dessins faits à l’henné. Les hommes, quant à eux, portaient des boubous neufs (ici et ici).

Traditionnellement, à la fin du ramadan, les gens se promènent de maison en maison pour demander pardon pour les fautes qu’ils ont commises au cours de la dernière année. On accorde le pardon aux enfants en offrant à chacun 25 ou 50 FCFA (5 sous canadiens environ). Toute l’avant-midi, on a vu ainsi défiler des groupes d’enfants tirés à quatre épingles venus demander pardon. Des groupes d’hommes sont passés également. Pendant ce temps, les femmes étaient à la cuisine à préparer la nourriture. Ainsi, dans la rue, c’était beau de voir les hommes et les enfants défiler dans leurs beaux habits neufs. L’ambiance était à la fête. Mais les femmes étaient absentes de la scène.

La fête de la fin du ramadan (que certains appellent la Korité), c’est aussi l’occasion pour les familles de se visiter un peu, et pour les voisins, de se voisiner. Ainsi, notre voisine nous a fait cadeau, dans la soirée, d’un bol de poulet yassa et d’un bol de riz.

Toute la journée, l’ambiance était à la fête à Bamako. Les kiosques où l’on vend des cigarettes sont réapparus, comme la musique. D’ailleurs, toute la journée, des joueurs de djembés ont circulé dans le voisinage pour jouer un peu en échange de quelques francs. Maintenant que la période de jeûne est terminée, Bamako peut souffler un peu et recommencer à vivre !