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vendredi, octobre 20, 2006

"En Afrique, on n’a rien, mais on a ça"

J’ai écrit déjà que, comme plusieurs toubabs, nous avons un gardien, David, qui garde notre maison chaque nuit. David est originaire du Pays dogon, une longue falaise située tout près de la frontière avec le Burkina Faso. Les Dogon sont allés se réfugier dans cet endroit hostile, il y a plusieurs siècles, pour fuir l’islamisation. David n’est donc pas musulman. Ainsi, contrairement à la plupart des musulmans qui évitent de jouer, voire d’écouter de la musique en période de ramadan, il arrive à David de gratter un peu sa guitare tandis qu’il garde la maison. Rapidement, sa guitare a rendu David très populaire auprès des enfants du voisinage. Chaque soir, ils l’accostent en criant “guitarri! guitarri!” Hier soir, alors que Nathalie et moi étions sur la terrasse en train de discuter tranquillement avec David, une dizaine d’enfants du voisinage sont venus nous voir. Des toubabs, dans un quartier, c’est toute une attraction pour un enfant (et parfois même pour un adulte !). Des toubabs, dans un quartier, ça signifie, pour un enfant, des heures de plaisir !

Après que les enfants se soient fatigués un peu de toucher nos mains, nos bras et nos cheveux de blancs, David a sorti sa guitare. Des enfants ont chanté, d’autres ont dansé (les enfants africains, ils apprennent à danser avant de marcher !). Des femmes du voisinage nous ont rejoints. Puis chacun des enfants a raconté une histoire (en bamanan, mais ça, c’est une autre histoire!). Chaque fois, tout le monde applaudissait. Petit à petit, le groupe s’est rétréci. Vers 22h, tout le monde a quitté.

Alors que je regardais les enfants partir, David m’a dit : “Tu vois, en Afrique, on n’a rien, mais on a ça…” On n’a rien, mais on a “ça”…