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dimanche, novembre 12, 2006

J’ai un mari malien !

Oooooh ! J’imagine d’ici le visage de mes parents à l’annonce de cette nouvelle ! Hé ! Hé ! Mais en fait, il ne faut pas être inquiet. Pas un seul malien, ni même un seul homme sur cette terre ne m’a encore glissé l’anneau au doigt. Par contre, l’un de mes voisins, M. Sissoko, s’est autoproclamé “mon mari”. M. Sissoko est un musicien qui étudie à l’Institut national des arts de Bamako. Notre gardien David et sa guitare l’ont donc rapidement attiré chez nous. Le premier soir où je l’ai rencontré, il avait la guitare à la main, et il s’est mis à me chanter une chanson en bamanan à laquelle je ne comprenais pas un traître mot, mais dans laquelle il y avait le mot “Mariam” (mon nom malien) répété inlassablement ! La situation était plus comique que romantique, surtout qu’après, il m’a fait écouter son répertoire, enregistré sur son téléphone cellulaire, ce qui sonnait franchement comme dans le fond d’une boîte de conserve.

M. Sissoko a tôt fait de me demander si j’étais mariée. Il m’arrive de répondre que oui, je suis mariée, question qu’on me laisse tranquille un peu. Mais c’est à croire que je suis une très mauvaise menteuse, car chaque fois que je dis “oui, oui, j’ai un mari là-bas au Canada”, on ne me croit pas. À M. Sissoko, j’ai donc dit, bien naïvement, trop naïvement, “Non, non, je ne suis pas mariée.” Quelle erreur ! Depuis, il manigance, de concert avec David, pour que je réclame la nationalité malienne et que je passe ainsi le reste de mes jours ici. Chaque soir, ils m’arrivent avec de nouveaux arguments pour qu’enfin je me décide à mettre aux poubelles mon billet de retour pour le Canada. Tous les deux sont convaincus que, bientôt, on m’offrira un poste de directrice quelque part à Bamako, et qu’ainsi, je marierai M. Sissoko, et embaucherai David comme chauffeur. Et M. Sissoko de répéter à qui veut l’entendre qu’il est mon mari, et que je suis Mme Sissoko. J’ai beau leur répéter que, si je reste au Mali, ma famille va trop me manquer, ils ne veulent rien entendre ! D'ailleurs, ils préparent déjà l'immigration de toute ma famille vers le Mali. Ils ont déjà donné des noms maliens à chacun : c'est ainsi que ma maman est devenue Fanta, et mon papa, Mamadou. Ils espèrent que, bientôt, l'Ambassade du Canada leur offrira un emploi.

Bien sûr, une malienne n’est pas complètement malienne si elle ne parle pas bamanan. M. Sissoko a donc entrepris de m’apprendre la langue. Tous les soirs, j’ai droit à une leçon. Récemment, il a usé de ruse pour me faire lui dire, à mon insu, “mon amour” en bamanan. Ah, mais je suis aussi rusée ! Jamais M. Sissoko n’a réussi à me faire dire “mon amour”, ni en bamanan, ni en français, ni en russe ou en chinois d’ailleurs ! Quand même, il n’en manque pas une ! Quand, dernièrement, Mme Coulibaly m'a saluée en me disant "Mme Doumbia!", M. Sissoko a tôt fait de dire "Hé, il faut dire Mme Sissoko maintenant", ce à quoi Mme Coulibaly a répondu, prenant mon parti, "Oh ! non, elle est plutôt Mlle Doumbia!" Et puis un soir, alors que je revenais du travail, j’ai entendu quelqu’un crier “Mariam!” C’était M. Sissoko qui discutait avec deux de ses frères. Il m’a présenté à eux et, quand je suis partie, il m’a crié “Ce sont tes beaux-frères !” “Ah! bon”, suivi d’un éclat de rire, fut ma seule réponse ! Et ils se sont bien bidonnés aussi.

Ainsi, il faut avouer que, comme je l'ai déjà écrit, la séduction est avant tout un jeu, auquel les Maliens adorent jouer. Ça les amuse beaucoup de taquiner ainsi les femmes. Moi-même, j’essaie donc de m’amuser de la situation...

2 Commentaires:

  • Effectivement cet aspect de la vie au Mali semble très rigolo!

    Par Blogger Julie, le lundi, 13 novembre, 2006  

  • Hi, hi, comme j'ai dit, Dan, j'ai pas d'anneau au doigt, et chaque fois que M. Sissoko essaie d'en passer une, je lui dis que moi, en tous cas, j'ai toujours pas vu les papiers, et que je n'ai rien signé ! Hé, hé ! En tous cas, c'est comique !

    C'est clair en tous cas que les gens ici deviennent familiers très rapidement. Souvent, quelqu'un va me dire "je te présente mon frère ou ma soeur ou ma maman", et je me rends compte, en discutant, qu'il s'agit en fait de son cousin, de sa cousine ou de sa tante (au sens canadien du terme). Ainsi, souvent, quand je rencontre un Doumbia, il ou elle va me dire "Ah, mais tu es ma petite soeur alors !"...

    Par Blogger Johanne, le mardi, 14 novembre, 2006  

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