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mardi, novembre 07, 2006

Samedi soir sur la terre

Samedi dernier, dans l’après-midi, j’étais assise tranquillement sur la terrasse de mon appartement, quand 4 petites filles sont arrivées. Je ne les avais jamais vues, mais elles m’ont dit qu’elles habitaient tout près, sur la route asphaltée (goudronnée, comme on dit ici), au bout de ma rue. Elles ne parlaient pas très bien français, et je connais très peu le bamanan pour le moment, mais on a réussi à échanger quelques mots, sans être certaines de s’être bien comprises au bout du compte. Un moment donné, elles m’ont demandé si je prévoyais organiser chez moi une soirée. Bon, c’était pas dans mes plans. Comme Nathalie et moi étions arrivées à la maison, plus tôt, les bras chargés de sacs d’épicerie, j’ai pensé que c’était peut-être ce qui leur avait fait imaginer qu’une fête se préparait chez moi. J’ai dit “Non, on ne prévoit pas de fête pour le moment.” Alors elles sont parties, en me demandant si je serais à la maison dans la soirée. Effectivement, j’avais prévu passer la soirée tranquillement à la maison.

Le soir venu, des garçons du voisinage sont venus faire les clowns sur notre terrasse, comme ils en ont l’habitude. Quand Nathalie et moi avons sorti nos appareils-photos, ils se sont bien amusés (quelques photos de nos petits voisins ici, ici, ici, ici, ici, ici et ici). Puis les petites filles avec qui j’avais discuté dans l’après-midi sont arrivées, cette fois bien changées, et équipées d’une trousse de maquillage, d’une radio et de cassettes. Les garçons avaient été bien excités par la séance de photographie, ils étaient devenus intenables, alors David, notre gardien, leur a dit de partir, que c’était maintenant le tour des filles. Avec des filles sur la terrasse, c’était beaucoup plus tranquille, en effet. Chacune a mis du rouge à lèvres, du eye-liner et du mascara. L’une d’elles a même maquillé son front, à la manière des femmes touaregs. Puis Mâh, une adolescente du voisinage, est arrivée avec des amies et les a aidées à bien se maquiller (des photos des petites filles ici et ici).

Ces petites filles âgées d’à peine 10 ou 11 ans avaient maintenant l’air de petites femmes qui cherchaient à mettre en valeur tous leurs atouts. D’ailleurs, il semble qu’effectivement, les petites filles qui se maquillent ainsi ne le font pas toutes innocemment, pour jouer seulement. C’est vrai surtout pour les petites filles des familles les plus pauvres, où c’est parfois les mamans elles-mêmes qui encouragent leur petite fille à sortir avec des amies, à faire des soirées et, surtout, à se trouver un copain. Certaines mamans vont même jusqu’à payer un certain montant d’argent pour permettre à leur fille de participer à ces soirées et d’être ainsi incluses dans le groupe de petites filles à peine pubères déjà prêtes à séduire les hommes. Pour certaines, toutefois, la fête se termine trop tôt quand, à peine âgées de 14 ou 15 ans, elles se retrouvent enceintes d’un premier enfant… Comme quoi, l’hypersexualisation des petites filles, ce n’est pas qu’au Québec que ça se passe !

Samedi soir dernier, c’est David qui, finalement, a fait comprendre aux petites filles venues nous visiter qu’aucune soirée n’était à l’horaire chez nous pour l’instant. Elles sont donc reparties avec leurs cassettes, leur radio et la nourriture qu’elles avaient préparée, chercher un autre endroit où faire la fête et séduire les garçons…