La campagne nationale de lutte contre le VIH-SIDA
Dans le cadre de la campagne, un salon sera organisé, les 1ers et 2 décembre. Il y aura là des kiosques et des salles de conférence, et mon patron aimerait que de nombreuses organisations du Système des Nations unies (SNU), coordonnées par l’ONUSIDA, soient représentées à ce salon. Cet après-midi, je rencontrerai donc des représentants de toutes les agences du SNU présentes à Bamako. Ces représentants ont la responsabilité d’insérer la thématique du VIH-SIDA dans les travaux de leur agence respective. Ces agences sont notamment l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’UNESCO, le Bureau international du travail (BIT), le Programme alimentaire mondial (PAM), l’UNICEF, etc. Chacune poursuit une mission différente, chacune a des objectifs nombreux et variés, chacune est sans doute surchargée de projets divers. Je devrai, pour ma part, convaincre chaque personne présente de l’importance de consacrer quelques ressources matérielles, humaines et financières à la participation du SNU au salon du début de décembre.
Je serai chargée d’animer la réunion de cet après-midi, ce que je redoute un peu, je dois l’avouer. À la fois les Africains et les Européens aiment beaucoup palabrer. En Afrique, et dans une moindre mesure en Europe, on accorde moins d’importance à l’efficacité et à la productivité qu’en Amérique du Nord. On met d’abord l’emphase sur les relations, ensuite vient le boulot à accomplir. Mais de mon côté, j’ai un ordre du jour très chargé, au travers duquel je dois passer en à peine deux heures. Comment en venir à bout sans agir d’une façon qui pourrait choquer des gens pas nécessairement habitués aux manières parfois un peu brusques des Canadiens ? En outre, j’ai un mal fou à retenir le nom des gens depuis que je suis ici. Trop de nouvelles personnes m’ont été présentées dans un trop court laps de temps. Et puis j’ai parfois l’impression qu’alors que 50% des Maliens portent un nom qui se termine par “ou” (Amadou, Astou, Mamadou, Maïmounatou), les autres 50% portent un nom qui se termine par “a” (Lalla, Adama, Leïla, Baba, Tiba, Kadidia), ce qui rend les choses encore plus confuses. Pourtant, je me vois mal demander son avis à Monsieur Chose, ou donner la parole “à la petite madame là-bas au fond”.
Par ailleurs, il est connu que, en Afrique, on accorde une grande importance à la hiérarchie. Ainsi, plus une personne est âgée, plus elle est crédible. Si en plus elle est un homme, c’est plus facile encore. En tant que femme et en tant que personne relativement jeune, je dois donc affronter deux difficultés afin de bien asseoir ma crédibilité face à tous ces gens qui participeront à la réunion, c’est-à-dire mon sexe, et ma jeunesse. Voilà donc toutes sortes de petites difficultés qui font que j’ai très hâte de voir comment va se dérouler la réunion. Je ne m’attends pas à un fiasco, mais j’espère en tous cas arriver à quelques résultats.
Dans le meilleur des mondes, la réunion sera terminée à 16h30. Dans le meilleur des mondes, la plupart des personnes présentes auront adhérer au projet. Dans le meilleur des mondes, chacune sera prête à y consacrer l’énergie nécessaire. Dans le meilleur des mondes… On verra bien !
Bonjour Johanne, Je suis sur que la
réunion aura été dans le meilleur des monde. et ton age et ton sexe auront ébloui la salle.