Entre le monde et l'écran
    Voir le monde
    Comprendre le monde
    Rêver le monde

lundi, novembre 13, 2006

Être malade au Mali

Il y a quelques jours, j'ai accompagné un collègue de travail au dispensaire. La femme de l'un de ses amis venait d'accoucher par césarienne, et il voulait aller lui faire une petite visite. Un dispensaire est un peu plus gros qu'une clinique, mais un peu plus petit qu'un hôpital. Dans la petite chambre d'à peine 2-3 mètres carré, il y avait deux lits sur lesquels se trouvaient des bâtons porte-moustiquaire... sans moustiquaire. Par terre, deux gardes-malades mangeaient un peu de riz, assises sur des tapis. La dame qui venait d'accoucher était aussi assise par terre sur un tapis, et elle allaitait la petite d'à peine 3 jours. Seule une femme qui venait, semble-t-il, de faire une fausse-couche, était couchée sur un lit, bien mal en point. Sur le deuxième lit étaient assis côte-à-côte tous les visiteurs passés dire bonjour à la nouvelle maman. Heureusement, la chambre était ventilée ! Quand j'ai enfin quitté la salle de gynécologie, je me suis dit que "Non, vraiment, le Mali n'est pas endroit pour être malade !"

Mais on ne choisit jamais d'être malade. Quand Nathalie s'est levée, dimanche matin, elle avait été malade toute la nuit. Ce fut toute une aventure de chercher un peu de quoi la soigner. Alors que je cherchais une pharmacie, la boulangère m'a dit que le dimanche, la plupart des pharmacies étaient fermées. J'ai donc rebroussé chemin et je me suis arrêtée à la clinique Effica-Santé, située tout près de chez moi. Là-bas, on m'a expliqué que, pour rencontrer un médecin, il fallait débourser 3000 FCFA (environ 8$CAN) et 6000 FCFA (15$CAN) pour une visite à domicile. L'infirmière de la clinique m'a aussi dit que je pourrais trouver une pharmacie ouverte un peu plus loin. J'ai donc marché jusque là-bas.

Mais oh! malheur, le pharmacien de la seule clinique ouverte en ce beau dimanche matin est celui-là même qui m'avait un peu chanté la pomme à mon arrivée dans le quartier. Je l'avais trouvé franchement insistant (alors que je le croisais pour la deuxième fois seulement, il me disait déjà "ma chérie" !), alors j'ai fait en sorte de ne plus le croiser. Donc quand je l'ai revu, il était un peu fâché, et d'abord, il n'a pas voulu me servir. Mais chassez le naturel, et il revient au galop ! Après 5 minutes, il avait déjà recommencé à me chanter la pomme : "Le jour où tu as refusé de me rappeler, j'ai fumé au moins dix mèches (dix cigarettes) !" J'ai eu un peu de mal à faire confiance au diagnostic de cet homme au coeur brisé qui essayait, tout à la fois, de me séduire et de me vendre de tout et de n'importe quoi :

  • Goûte à ceci, c'est bon, non ? Ce sont des pastilles de vitamine C mélangées à de l'eau. Maintenant que tu as bu ça, tu vas retourner chez toi en courant, tellement ça donne de l'énergie...
  • Bon, merci, mais j'ai déjà des multivitamines à la maison...
  • Ah ! mais j'ai aussi des multivitamines ici, et elles sont meilleures que ce que tu as chez toi...
  • D’abord, comment tu connais ce que j’ai chez moi ?
  • Je connais pas, mais je connaîtrai bientôt, puisque tu m'inviteras chez toi...
  • Ah ! bon ? C’est pas dans mes plans en tous cas !… Mais pour en revenir à mon amie, qui est malade à la maison...
  • Oui, bon, tu ne crois pas qu'elle a peut-être le palu (le paludisme ou malaria) ?
  • Elle n'a aucun des symptômes du palu...
  • Bon, alors je vais lui donner un déparasitant...
  • Comment tu sais que c'est un parasite qu'elle a ?
  • Bon, on n'a pas la nausée sans raison... D'ailleurs, toi-même tu devrais prendre un déparasitant...
  • Mais moi, je ne suis pas malade !
  • Non, mais on n'est jamais trop prudent..."


Bref, je suis partie sans rien acheter... Nathalie a voulu qu'un médecin vienne la rencontrer à la maison. Comme on ne répondait pas au téléphone à la clinique, je suis retournée là-bas. L’infirmière a téléphoné le médecin, que j’ai attendu longtemps, longtemps, longtemps, jusqu’à ce qu’il se pointe… sur sa moto. Ce que je redoutais est arrivé : j’ai dû monter avec lui sur sa moto et essayer de garder l'équilibre, son stéthoscope dans une main, son appareil pour prendre la pression dans l’autre, pendant que lui conduisait. Jusqu’à maintenant, j’avais toujours refusé de monter sur une moto, car les accidents de moto sont beaucoup trop fréquents à Bamako. Mais dans ce cas, est-ce que j’avais le choix ? Après avoir rencontré Nathalie, le médecin lui a prescrit 4 sortes différentes de médicaments. Effectivement, on m’a dit déjà que, quand un africain rencontrait un médecin, il ne ressortait satisfait de la consultation que quand on lui prescrivait des médicaments. Ainsi, il n’est pas rare de quitter le bureau du médecin avec une très longue prescription…

C’est le pharmacien qui était content de me voir revenir, avec une telle prescription ! Je lui ai acheté beaucoup plus de médicaments qu'il ne l'aurait espéré ! Avant qu’il accepte de me laisser partir avec mon gros sac de médicaments, j’ai dû toutefois partager avec lui un petit verre de thé. Seulement ensuite, j’ai pu retourner à la maison…

2 Commentaires:

  • La prochaine fois que l'une de vous serras malade, ne vas plus chez ce monsieur qui te chante souvent la pomme, on est jajoux de lui déjà. s'il te plait, cherches toi une autre pharmacie ou plus tôt appelles nous au canada on t'enveras les medicaments.
    patrice

    Par Anonymous Anonyme, le mardi, 14 novembre, 2006  

  • Bon, je vais suivre ton conseil, Patrice. Mais dimanche, j'avais pas le choix, c'était la seule pharmacie du quartier qui était ouverte !

    Par Blogger Johanne, le mardi, 14 novembre, 2006  

Publier un commentaire

<< Accueil