Entre ambition et résignation
Malheureusement, le discours que j'entends quand je discute avec des gens de mon voisinage est un peu moins encourageant. Tous rêvent d'un avenir meilleur. L'un rêve de devenir un chanteur connu, l'autre rêve d'être recruté par une équipe de basket aux Etats-Unis ou en France. Mais tous se plaignent du chômage et de la pauvreté. La pauvreté ! Chaque jour, on me parle de la pauvreté, on me dit qu'il n'y a pas suffisamment d'entreprises à Bamako... Et quand je demande s'il y a la possibilité ici d'obtenir un prêt de la banque pour démarrer une entreprise, toujours on me répond la même chose : il faut des relations. C'est vrai que les relations, les contacts, sont très importants pour qui a la moindre ambition. C'est vrai même au Canada. Mais d'abord, les relations, ça se construit petit à petit. Et puis avoir des relations ne règle pas tout !... J'ai parfois l'impression que certaines personnes voient en moi, parce que je suis blanche, parce que je suis canadienne, LE contact qu'il leur faut, voire la solution à tous leurs maux. Un Malien m'a d'ailleurs demandé récemment si je pouvais aider les gens d'ici à réaliser leurs ambitions. "Est-ce que je peux aider, moi?" : c'est ce que j'ai répondu... Et franchement, je me demande réellement comment moi je pourrais aider ces gens avec qui je cause le soir après le boulot...
J'ai parfois l'impression qu'il manque à certaines personnes ici ce brin d'enthousiasme, ce brin de motivation nécessaire à la concrétisation des projets. Ce n'est pas vrai pour tout le monde, le reportage de Radio-Canada le montre bien. Et j'ose espérer que ma vision est un peu biaisée, puisqu'au fond, je ne connais pas des tonnes de Maliens. Quand même, il me semble parfois que les Maliens de mon entourage rêvent beaucoup et agissent peu. Facilement, ils se résignent et mettent les échecs sur le compte du destin, plutôt que de se retrousser les manches et réessayer.
De leur côté, les Maliens de mon entourage reprochent aux Canadiens d'être trop programmés, de ne pas accorder suffisamment de temps à la causerie, aux salutations. Je suis d'accord. Trop souvent, l'esprit des Canadiens est fixé sur l'efficacité et la productivité. Les Canadiens oublient parfois l'humain derrière les projets et les ambitions. Mais n'est-il pas possible de trouver un équilibre entre, d'un côté, les causeries à n'en plus finir, les salutions qui expliquent peut-être pourquoi une réunion ne commence jamais à l'heure, et, d'un autre côté, un horaire tellement figé qu'il ne permet plus aucun imprévu ?
Avec un tel billet, je ne souhaite pas attiser les préjugés. Il y a des paresseux, des personnes complètement démotivées et dépourvues de tout enthousiasme au Canada, comme il y a des ambitieux et de grands travailleurs au Mali. Seulement je me demande où se trouve l'équilibre entre l'ambition à outrance, et la résignation à outrance...
canadiens, canadiens.... oui, mais les québécois eux?
ca sonne bizarre de te lire écrire cela si souvent... je veux pas mettre de politique, mais ca me fait vraiment bizarre. je comprends que tu es dans un contexte très différent. mais pour moi c'est bizarre. voila. je voulais le dire.
maf