Une soirée télé
Première surprise : la télévision se trouvait au beau milieu de la cour. Quand même, il faut dire que c’est assez courant ici. Dans un pays comme le Mali où il ne pleut jamais ou presque, les gens vivent à l’extérieur. Ils causent à l’extérieur, ils cuisinent à l’extérieur, sur le charbon… et ils écoutent la télé à l’extérieur. Ainsi, les maisons sont faites en conséquence : de façon générale, une maison, c’est un mur, sans toit, à l’intérieur duquel il y a une cour, et puis des pièces fermées, parfois reliées entre elles, parfois pas, qui sont elles recouvertes d’un toit. Ces pièces fermées sont généralement des chambres à coucher, exclusivement (pour des photos des maisons de nos voisins, c'est ici, ici et ici).
Quand je suis arrivée chez les Sissoko, tout le monde était donc assis devant la télé, certains sur des chaises style chaises de plage, d’autres sur de petits bancs. On écoutait la seule chaîne de télévision locale, l’ORTM (l’Office de Radio et de Télévision du Mali), et le film dont m’avait parlé M. Sissoko était en fait une télésérie malienne. J’avais un peu de mal à suivre l’histoire, mais essentiellement, il était question d’un homme marié à 4 femmes (de polygamie donc), de jalousie, de mariage, d’infidélité et de choses du genre. Bref, c’était comme tout bon vieux téléroman, cette fois-ci adapté à la sauce malienne, dans un décor malien, et avec des acteurs maliens.
Puis a suivi l’émission Top étoiles, qui met en vedette des artistes de la relève malienne. Le premier artiste est arrivé sur scène, un grand sourire sur le visage, et deux femmes habillées de façon sexy se déhanchaient derrière lui. On a mis la cassette de sa chanson : quand on parle d’un album ici, on dit une “cassette”, car encore rares sont les personnes qui peuvent se payer des lecteurs de CD… on est donc loin encore des lecteurs MP3 ! En tous cas, c’est à peine si le chanteur a bougé les lèvres pour au moins faire croire à du lipsing. Un tel cas, on n’appelle plus ça du lipsing, on appelle ça “je danse sur la musique de ma toune !”. C’était franchement comique. Mais il faut avouer qu’ici, le lipsing est une chose très courante, comme les musiciens et l’équipement de sonorisation coûtent cher. En général, donc, les gens ne s’en formalisent pas et ils applaudissent les artistes avec autant d’intensité que s’ils donnaient un spectacle en direct avec leur vrai voix, de vrais musiciens et tout et tout.
En fait, on se formalise très peu des détails, ici, car dans le cadre de cette émission diffusée en direct, plusieurs images étaient mal focusées, le son était parfois très mauvais, et pareil pour l’éclairage. Mais ça n’a fait chialer personne… En fait, pendant ce temps, les téléspectateurs Sissoko étaient plutôt occupés à allumer un petit feu, question de se réchauffer un peu. Moi, j’ai la chance d’avoir avec moi un chandail de laine, des chaussettes et des souliers fermés qui me tiennent bien au chand quand je veille à l’extérieur. Mais c’est un luxe que tous les Maliens ne peuvent pas se payer… Et puis, peut-être aussi pour se réchauffer un peu, les Sissoko ont préparé un peu de couscous qu’ils ont mélangé à du lait en poudre. Et ils ont bu leur éternel thé ! En tous cas, ça change du pop-corn et du Coke !
Il était près de 2h du matin quand je suis rentrée me coucher. Je bâillais depuis longtemps tandis que les Sissoko, toujours bien réveillés, ont continué de bavarder...
et bien, dis donc 2 heures du matin, c'est pas évident le travail le lendemain. Il y a quelques années ici aussi les voisins se réunissaient pour regarger la télé mais pas a l'extérieur.
bonne journée Fanta xx