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vendredi, novembre 24, 2006

La gouverneure générale est en ville !


Mercredi soir est arrivée à Bamako Michaëlle Jean, la gouverneure générale du Canada. Toute la journée, on m'a dit "Il y a ton président qui arrive en ville", et toute la journée j'ai répété "Elle n'est pas présidente, elle est gouverneure générale". Toute la journée on m'a dit "Elle doit nous annoncer beaucoup d'argent" et toute la journée j'ai répété "Mais elle n'a pas ce pouvoir ! Elle n'a d'ailleurs aucun pouvoir réel, si ce n'est qu'à cause de sa visibilité... Mais elle n'a pas la main sur l'argent"... Le tout est tourné un peu à la blague quand mes collègues ont commencé à me faire la liste de ce qu'ils aimeraient avoir : "Il faut demander deux motos pour moi... Pour moi, une belle petite 4x4 bleue... Pour elle, une Mercedes..."

En fait, toute la journée, Bamako s'est préparée à l'arrivée de Mme Jean. Dès le matin, le responsable de la sécurité où je travaille a suggéré aux employés d'être vigilants dans la planification de leurs déplacements, car de nombreuses routes seraient bloquées lors de son arrivée, d'abord prévue pour la fin de l'avant-midi. Mais c'est en fait en fin de journée seulement qu'elle est arrivée, poussant les employés, qui voulaient éviter les embouteillages monstres, à quitter plus tôt. En effet, à l'arrivée d'un dignitaire à Bamako, on n'hésite pas à fermer toutes les routes où il passera pour permettre au dignitaire en question de circuler sans difficulté. Les élèves ont également terminé l'école plus tôt : ce sont eux qui se sont retrouvés sur le bord des routes, tout le long du parcours emprunté par la gouverneure générale, question de bien l'accueillir.

Pour ma part, je me suis retrouvée au centre-ville, après mon travail, juste avant son passage par là. J'ai donc attendu un peu le cortège depuis le rond-point de l'Indépendance. Il y avait là une foule d'enfants avec dans les mains des drapeaux canadiens et maliens. Puis des soldats sont passés et ont encouragé les enfants à chanter, à applaudir, à danser... Il y avait là également des joueurs de djembés. Bref, il y avait beaucoup d'ambiance.

Puis le cortège est arrivé, entouré de nombreux policiers en camion, en motos, en voiture, etc. Michaëlle Jean et le président du pays, Amadou Toumani Touré, étaient dans un 4x4, la tête sortie par le toit ouvrant, et ils dansaient. Quand ils ont été passés, les enfants ont envahi les rues, et peu à peu, la circulation a pu reprendre. C'était un peu comme la St-Jean-Baptiste à Québec, version un peu moins bordélique, et surtout pas du tout alcoolisée.

Si l'ambiance était bonne, toute cette journée m'a laissée une drôle d'impression, compte tenu des attentes de mes collègues maliens, qui espèrent, avec la venue de Michaëlle Jean au Mali, une pluie d'argent. Quand j'ai vu les enfants, le soir, chanter sur le bord des routes, un collègue m'a dit qu'en voyant tous ces enfants, "l'avenir du Mali", la gouverneure générale ne pouvait qu'être touchée et avoir ainsi envie de verser pour eux des tonnes d'argent. Bref, le Mali est dans l'attente.

C'est là d'ailleurs, à mon avis, l'un des plus grands dommages causés par l'aide au développement. Trop de gens en Afrique ne se demandent plus comment ils pourraient "créer" l'argent, soit par l'investissement, l'innovation ou la création d'entreprise. Plutôt, ils se demandent "Comment faire pour obtenir une subvention de l'ACDI (Agence canadienne de développement international)?" Pire encore, je remarque que de nombreux maliens ont développé une très faible estime d'eux-mêmes et qu'ils ont beaucoup tendance à se dévaloriser. Par exemple, un malien me disait récemment : "Tu donnes un objet à un blanc, il va le transformer, en faire quelque chose d'utile qui, au bout du compte, va lui rapporter beaucoup d'argent. Tu donnes le même objet à un noir, et si tu reviens un an plus tard, tu trouveras le noir toujours assis avec le même objet, inchangé, dans les mains."

Aller chercher l'argent ailleurs est plus facile que de le créer. C'est l'option malheureusement privilégiée par trop d'Africains. Et les blancs ont leur tort dans tout ça, un très grand tort, puisque ce sont eux d'abord qui sont venus en Afrique pour exploiter les richesses, pour exploiter les gens, et les rendre dépendants, et leur faire perdre leur autonomie. Cependant, si je sais reconnaître le tort des blancs dans tout ça, je crois maintenant que les Africains ont également un rôle à jouer dans le développement de leurs pays, et pour ce faire, ils dovient d'abord modifier un peu leur façon de percevoir la "création de richesses"... Pour trop d'Africains encore, le seul moyen de devenir riche est de demander de l'argent aux blancs...

4 Commentaires:

  • Salut Johanne
    Enfin je reusis a t ecrire. Je pense à toi, J'espere que ca va bien. Nous ici ca va bien. Je vais te revenir cette semaine. bye bye tante Fernande XXX

    Par Anonymous Anonyme, le dimanche, 26 novembre, 2006  

  • Je suis contente pour ton lavage pis pas cher comme chez nous.Je vais sur ton blog tous les jours avec les petites, passe une belle soirée. Nathaliexxx a plus....

    Par Anonymous Anonyme, le dimanche, 26 novembre, 2006  

  • salut johanne

    commentcava? moi cava super bien je pense souvant à toi aujourd'hui je suis aller magasin avec ma soeur nathalie à bromont aujourd'hui j'Ai parler avec tes parents ce soir .

    je te dit à la prochaine ta cousine

    veronique xxx

    Par Anonymous Anonyme, le dimanche, 26 novembre, 2006  

  • Bonjour tout le monde,

    Merci pour vos commentaires ! Je suis contente de voir qu'on continue de lire mes billets... Je pense à vous tous aussi !

    A bientôt !

    Par Blogger Johanne, le lundi, 27 novembre, 2006  

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