Entre le monde et l'écran
    Voir le monde
    Comprendre le monde
    Rêver le monde

mardi, février 27, 2007

Dans les bars de Bamako

Samedi soir dernier, je suis sortie au Djembé, un bar du quartier Lafiabougou où se relaient chaque soir différents groupes ou chanteurs. Ils font tantôt du reggae, tantôt de la musique traditionnelle bambara, tantôt de la musique mandingue... Bref, on trouve de tout pour tous les goûts ! Quelques singularités font des bars de Bamako des endroits très différents des bars du Québec.

Première particularité : alors qu'au Canada, se sont généralement les femmes qui se retrouvent seules sur la piste de danse, tandis que les hommes se contentent d'observer depuis le bar ou leur table, au Mali, se sont surtout les hommes qui se retrouvent seuls sur la piste de danse, tandis que les femmes restent tranquillement assises et observent. Mais quand enfin la soirée lève et que les gens commencent à s'amuser réellement, alors là, ça devient sérieux, et les danseurs, les hommes comme les femmes, dansent tous de façon très suggestive !

Seconde particularité : chaque fois je m'étonne de voir les musiciens jouer avec une telle nonchalance! Leur attitude, l'air de dire "je fais mon travail, faut pas trop m'en demander"... Ils bâillent sans gêne, attrapent un paquet de peannuts qu'ils mâchent lentement, causent tranquillement, tout ça sans s'arrêter de jouer... En tous cas, leur comportement contraste étrangement avec les rythmes joués, souvent très rapides, très enjoués, et qui exigent une énergie sans pareil. En effet, aux guitares électriques et batteries se mêlent les djembés, tamanis et autres instruments traditionnels qui nécessitent une force physique et une très bonne coordination.

Troisième particularité : il est toujours un peu étrange de voir les personnes présentes dans le bar offrir des pourboires aux chanteurs et musiciens en déposant des billets de 1000, 2000 ou 5000 FCFA tantôt sous le chapeau, tantôt dans les lunettes, tantôt dans les vêtements des musiciens. C'est peut-être à cause de la tradition des griots. Considérés comme les dépositaires de la tradition orale, ils sont fort répandus chez les Mandingues (une ethnie au Mali). Ceux-ci sont des musiciens ambulants, professionnels presque de naissance, puisqu'ils font partie d’une caste. On les reconnaît à leur nom de famille : Kouyaté, Diabaté, Dramé, Niakaté, Soumano... Ils chantent les louanges d'une personne ou d'une famille, à l'occasion des fêtes telles que les mariages et baptêmes, où l'on ne peut pas refuser leur présence. Ils y vantent les mérites de certaines personnes... pour gagner de l'argent, justement.

Samedi soir d'ailleurs, une griotte a soudainement volé le micro au monsieur qui chantait tranquillement. Sa voix était si puissante... son chant si plein d'émotions... Vraiment, c'était beau à entendre !