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dimanche, mai 13, 2007

La IPod Mania

Avant d'être à Montréal, ça faisait longtemps que je n'avais pas visité une grande ville nord-américaine ou européenne. Les dernières en liste sont : Toronto, Bruxelles (2004), Varsovie (2003), Londres, Edimbourg (2001), Paris (2000). Ainsi, je ne sais pas si le phénomène est généralisé à toutes les grandes villes occidentales. Je peux confirmer en tous cas que Montréal est bel et bien aux prises avec une invasion d'IPod ! J'ai l'air critique quand j'utilise le mot "invasion" ? En fait, je le suis, mais en partie seulement. Maintenant que je suis une utilisatrice quotidienne des transports en commun, je dois avouer que je vois dans le IPod une utilité certaine, et que je songe même sérieusement à m'en acheter un. Plutôt que de passer de nombreuses minutes chaque matin et chaque soir à regarder les autres passagers, tantôt mal réveillés, tantôt épuisés après une journée de travail, je pourrais relaxer au son d'une bonne musique, ou me divertir en écoutant des podcasts. Je pense même à me gâter sérieusement en m'achetant un IPod-vidéo, ce qui me permettrait, à la limite, d'écouter des films au cours de ces longs trajets quotidiens en bus et en métro.

Donc, oui, je l'avoue, je comprends très bien qu'autant de gens aient succombé à la tentation IPod. Sauf que je me questionne sur le phénomène. Est-ce que je peux me permettre d'entamer une conversation avec quelqu'un qui est bien enfermé entre ses deux écouteurs, au milieu de sa musique, de son monde ? Peut-être que oui, je peux me le permettre, rien ne m'en empêche. Mais avouez que c'est pas facile ! La nostalgique en moi parle encore, mais... mes balades dans le métro de Montréal, où je suis entourée de zombies qui vivent dans un monde différent du mien, sont tellement différentes de mes ballades en sotrama, au Mali, où régulièrement, les passagers entamaient des conversations...

D'accord, je le concède, les conversations entamées dans les transports en commun sont rarement d'un intérêt vital. Elles sont mêmes, parfois, franchement ennuyantes. Quand même, n'existe-il pas un équilibre entre "je suis ouverte, parlez-moi, je suis toute ouïe, je n'ai plus d'intimité" et "je ne suis pas là, n'essayez pas de me parler, c'est inutile" ?

Mais peut-être qu'en fait, quand on vit dans une grande ville, on est tellement sollicités de toutes parts, tantôt par la pub, tantôt par les mendiants, tantôt par ces centaines d'organisations qui récoltent des fonds, tantôt par les journaux, tantôt par la télévision (il y a de nombreux écrans de télé dans la station de métro Berri-UQAM), qu'il devient nécessaire de se construire une sorte de bulle dans laquelle personne ne peut entrer... Peut-être que, quand on habite une grande ville, on atteint un jour un stade limite où on ne recherche plus le contact avec "l'autre", parce que "l'autre" cherche trop à entrer en contact avec nous... Le IPod, au fond, est peut-être une sorte de "bouclier moderne"...

3 Commentaires:

  • L'iPod rempli bien les deux roles, un gadget bien satisfaisant mais aussi un joli bouclier a l'occasion. Les journaux remplissent egalement ce double role je trouve. Un amateur de musique (j'en suis un, je crois) toureva que l'iPod est vraiment genial, il n'y a pas a dire.

    La ou j'habite la meilleure facon de provoquer des conversations spontanees est de promener son chien dans le parc, vous avez soudainement l'air plus acceptable. Encore que ... un homme promenant un terrier, un spaniel ou un poodle cela a une connotation particuliere. Et puis je suis sur que vous n'avez pas du voir beaucoup de gens promener des chiens en afrique, non?

    Je suis un natif du Mali, j'ai beaucoup voyage en tant qu'expat et habite en occident depuis longtemps. Un peu l'inverse de votre experience, mais bien similaire sur certains aspects: tous les ans je fais le vas-et-viens. Je me suis souvent pose certaines des memes questions que vous, d'ou mon interet quand je suis tombe sur votre blog. Vous etes une bonne narratrice, felicitations.

    Isaka

    Par Anonymous Anonyme, le dimanche, 13 mai, 2007  

  • Effectivement, au Mali, les seules personnes que j'ai vues en train de promener un chien, c'était... des blancs ! Au Mali, je trouvais presque indécent les chiens bien nourris, bien entretenus. Mais au Canada, j'ai souvent l'impression que certains blancs ont des chiens à défaut d'avoir des enfants. Ça comble un certain besoin affectif, mais c'est un engagement beaucoup moins grand qu'un enfant. La comparaison est peut-être douteuse, mais c'est souvent la chose à laquelle je pense quand je vois, par exemple, des personnes se promener avec un chien dans un sac qu'ils attachent sur leur ventre... C'est vrai que promener un chien est une bonne façon d'attirer l'attention. Mais encore là, ça marche aussi avec les bébés !

    En tous cas, à défaut d'avoir un chien ou un bébé, une chose est sûre, c'est pas en m'achetant moi-même un IPod que je saurai mieux provoquer des conversations spontanées !

    Par Blogger Johanne, le dimanche, 13 mai, 2007  

  • Personnellement je suis moins loquace dans les transports publics, sauf exceptions.

    C'est peut etre une question de personalite, je ne fais pas la conversation aussi facilement avec les gens que je ne connais pas. Dans les grandes villes, vue les distances et la foule, les gens sont naturellement stresses et peu enclins a faire la causette. Beaucoup ont l'air de porter un fardot invisible. Je prefere les "petites metropoles" comme ma ville actuelle, moins de monde, deplacements moins longs.

    Nous les hommes ont moins de mal en general, il suffit de trouver un pub agreable et d'etre soi-meme ouvert. C'est en tous cas mon experience en Europe.

    Il y a egalement des aspects culturels, ignorer les gens au Mali est considere comme arrogant, les gens se parlent plus spontanement, c'est encore l'esprit de village.

    Je trouve plus facile de faire des contacts en joignant une activite de groupe: sport, loisir. La je m'eclate et c'est "contagieux" en general.

    Par Anonymous Anonyme, le lundi, 14 mai, 2007  

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