Ça fait maintenant un mois que je suis revenue du Mali. Étrangement, j’ai l’impression que ça fait une éternité ! Non pas parce que le dernier mois m’a paru horriblement long. Au contraire ! Le temps a passé trop vite. J’ai à peine eu le temps d’ouvrir un peu mes valises au cours des deux semaines que j’ai passées en Beauce que déjà, je repartais vers Montréal. Dans un sens, un nouvel appart, un nouvel emploi, une nouvelle ville, si rapidement après mon retour, ça a du bon. Ainsi, je ne suis pas aux prises avec cette foutue déprime qui guette quiconque revient au pays après un long séjour à l’étranger, déprime normale quand on imagine un peu le passage d’un quotidien rempli de nouveauté, de découverte et de surprises à un quotidien… routinier, rempli de vieux repères, de vieilles connaissances, sans nouveauté, sans surprise. Ainsi, toute la nouveauté de mon nouveau quotidien montréalais me garde un peu éloignée de la déprime du retour. Cependant, entre deux journées de travail, il m’arrive de m’arrêter quelques minutes, il m’arrive d’avoir quelques minutes de lucidité au cours desquelles un mélange de tristesse, de nostalgie et de déception me guette, quand je pense au Mali, le Mali qui me manque, le Mali qui est déjà si loin dans mon esprit qu’on dirait un rêve, rien de plus. J’ai l’impression d’avoir rêvé les 6 derniers mois et je suis déçue quand je pense que, même si je suis maintenant à plus de 8000 km de mes amis maliens, ma vie continue, sans eux, et leur vie continue, sans moi. Je suis déçue de constater qu’après avoir fait tant d’efforts pour m’intégrer dans un environnement, un pays, une culture, tout est fini déjà, je continue ma vie de mon côté, eux continuent leur vie de leur côté, et un rapprochement futur est difficilement envisageable compte tenu de la distance qui sépare nos deux pays. Je n’aurai été qu’un intermède dans leur vie, ils n’auront été qu’un intermède dans la mienne.
Ainsi, plus je voyage, plus j’accumule les séjours à l’étranger, plus je me questionne. J’ai des amis à Québec, Montréal, Ottawa, Halifax. J’ai des amis à Casablanca, Bamako, Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Hiroshima. Mais à quoi servent des tas d’amis quand ils sont dispersés un peu partout dans le monde ? À quoi servent des tas d’amis quand, au bout du compte, je me retrouve seule au milieu d’une ville immense ?... Je ne peux même pas envisager la possibilité d’un jour réunir autour de moi tous ces amis dispersés au travers le monde. Je ne peux que me réjouir des bons moments que j’ai passés avec eux, en faisant attention de ne pas sombrer dans la nostalgie, et espérer un jour les revoir et passer à nouveau de bons moments avec eux…
Je comprends le sentiment, mais je ne suis pas tout à fait d'accord... en fait avec le temps j'ai cru constater que les amitiés, qu'elles soient proches ou loin de nous, suivent le même trajet: certaines demeurent, d'autres se transforment en un rapport de vagues connaissances.
En plus, on ne sait jamais ce que la vie nous réserve, et c'est en retournant à Taiwan il y a deux ans que j'ai revu des amis de bien des années auparavant. Entre temps on s'écrivait genre 2 emails par année, pour se tenir un minimum au courant. Et bien quand on s'est revus c'est comme si le temps n'avait jamais passé. J'ai alors repensé à des amis de chez-moi avec qui, malgré qu'on se voit régulièrement, il semble s'établir une distance.
Mais bref.. où je voulais en venir avec tout ça? J'espère en tout cas que de (nouvelles?) rencontres intéressantes seront aussi ton lot à Montréal!