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lundi, mars 05, 2007

Les secrets d'une vie conjugale harmonieuse

Dans le magazine du journal L'Essor de vendredi dernier, on apprenait que, pour une vie conjugale harmonieuse, "une femme doit prendre le temps de bien comprendre son mari". En effet, alors que "le quotidien apporte son lot de soucis, de discordes, d'incompréhension, (...) il revient à la femme d'apprendre à les gérer comme gage de son bonheur." C'est une lourde responsabilité ! Mais qu'est-ce que le journaliste veut laisser entendre exactement ? Que le monsieur a trop de soucis pour pouvoir également s'intéresser à sa vie de couple ? Ou bien que c'est la femme seule qui possède les compétences pour gérer les soucis amoureux ?

Plus loin dans l'article, on apprend qu'en fait, "les attributs de l'autorité du mari sont le courage, l'intelligence" et qu'à l'inverse, "la femme est considérée comme faible, craintive, irrationnelle, passive." Ainsi, "pour maîtriser son mari, la femme doit posséder une grande capacité d'écoute. Elle doit avoir une patience à toute épreuve." Bon, alors, si je comprends bien, à défaut de pouvoir utiliser sa force, son courage, sa rationnalité et son dynamisme (inexistants chez la femme, je le rappelle), la femme doit être dotée de patience et d'écoute. Voilà donc le secret d'une vie conjugale harmonieuse : mesdames, patientez et écoutez ! Car "c'est avec une connaissance profonde de la mentalité de l'homme que la femme apprend à vivre avec lui un mariage heureux."

Des entrevues viennent appuyer cela : selon l'octogénaire Mme Nian Samaré, la femme doit fournir beaucoup d'efforts, sans en calculer la "rentabilité". "Préparer son plat favori, lui faire couler un bain chaud en saison fraîche ou lui masser le dos font partie des petites attentions dont toute personne normalement constituée raffole", conseille Mme Samaré.

Cet article en dit long sur les relations hommes-femmes au Mali. Au travers le monde, les Québécoises sont reconnues pour être des féministes qui ne se laissent pas marcher sur les pieds. On leur reproche même, parfois, d'avoir ainsi créé, à force de revendications en faveur de l'égalité hommes-femmes, une génération d'hommes mous ! Je ne suis pas une féministe invétérée, je sais voir des différences entre les hommes et les femmes, je sais reconnaître que chacun a des forces et des faiblesses et je crois que les hommes et les femmes ne pourront jamais gérer leur vie de famille et leur carrière de la même façon, ne serait-ce que parce que, jusqu'aux dernières nouvelles, c'est la femme qui porte les bébés. Mais je suis tout de même étonnée de constater à quel point le fossé est profond entre moi et une Malienne ! Parce que je suis Québécoise, je crois que j'accorde une plus grande valeur à la femme que je suis que la plupart des Maliennes, qui ont la fâcheuse habitude de se dévaloriser. Paradoxalement, même si cet article a tendance à infantaliser la femme, je trouve qu'il infantilise également l'homme, d'une certaine façon, en laissant entendre qu'il n'y a aucun espoir pour qu'un jour l'homme ait une connaissance profonde de la mentalité de la femme. Est-ce que cette façon subtile de se dévaloriser est typiquement malienne ? J'ai souvent constaté, en tous cas, que les Maliens avaient tendance à se dévaloriser, notamment face aux blancs en général...

Par ailleurs, un tel article m'indique que, de façon générale, ce qu'on peut lire dans les journaux et les magazines, que l'on soit à Québec ou à Bamako, ne cherche généralement pas à provoquer. Plutôt, les médias ont tendance à nous conforter dans nos opinions. Ainsi, si un tel article peut paraître fortement rétrogade, et donc provocateur, pour une Québécoise, il convient assez bien à la mentalité malienne, du moins d'après ce que j'en connais...

NB Je me présente parfois comme un Québécoise, parfois comme une Canadienne... C'est qu'en fait, certains traits culturels peuvent être associés, à mon avis, aux Canadiens en général, voire aux Occidentaux. Mais comme il est difficile de dire exactement ce que c'est qu'un "occidental", je préfère me limiter aux Canadiens. N'étant ni française, américaine ou italienne, je peux difficilement parler pour eux. Toutefois, quand il est question de féminisme, je crois que c'est vraiment particulier aux Québécoises... Que je sois au Mali ou en Pologne, du moment où je me présente comme une Québécoise, on va me répondre, avec un ton plein de sous-entendus "Ah, les Québécoises..."

3 Commentaires:

  • est-ce que pour elles la journée de la femme représente quelques chose. serait il possible d'aborder le sujet avec ces messieur ou meme avec les dame Malienne, comme par exemple les informer comment c'est ici et attendre leurs opinions c'est jeudi prochain si ca adonne d'en parler ont aimerait savoir ce qu'ils ou qu'elles en pense ?
    frippon

    Par Anonymous Anonyme, le lundi, 05 mars, 2007  

  • Oui, effectivement, la journée de la femme, c'est jeudi, et c'est souligné au Mali. Il y a notamment plusieurs conférences d'organisées sur le thème des femmes. Sinon, j'ai déjà parlé des relations hommes-femmes avec des hommes, et en général, leur opinion est assez paradoxale. D'un côté, ils vouent le plus grand des respects aux femmes, et elles sont très bien traitées. Par exemple, quand une femme travaille, tout son argent va pour ses dépenses personnelles, tandis que l'homme est responsable de toutes les dépenses telles que nourriture, logement, etc. D'un autre côté, les femmes sont souvent infantilisées, on les traite comme des enfants qui ne savent pas bien s'occuper d'eux-mêmes, et dans certains cas extrêmes, on n'hésite pas à les battre. Tant qu'à savoir ce que les femmes en pensent, c'est très difficile à savoir, en fait. C'est le genre de sujets dont les femmes n'aiment pas du tout parler. C'est un peu tabou, et elles vont faire dévier le sujet quand il est sur le tapis. Aussi, entre ce qu'elles disent et ce qu'elles font, il y a parfois une marge. Ainsi, une femme peut dire un moment donné qu'elle n'accepterait pas de marier un homme polygame, mais une fois devant la situation, il est possible qu'elle s'y résigne...

    Par Blogger Johanne, le mardi, 06 mars, 2007  

  • You write very well.

    Par Anonymous Anonyme, le mardi, 11 novembre, 2008  

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