Entre le monde et l'écran
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mardi, octobre 31, 2006

Travailler au sein du système des Nations unies : premières constatations

Constatation 1

Le système des Nations unies est avant tout une grosse administration. Ainsi, ONUSIDA a de nombreux partenaires au sein même des Nations unies, mais également au sein du gouvernement, du secteur privé et de la société civile. Les nombreuses organisations sont réunies au sein de comités, de groupes de travail, de groupes thématiques, etc. Ainsi, beaucoup d’énergie et de temps sont nécessaires pour seulement comprendre le rôle et la situation de chacun et pour voir où commence et où s’arrête son propre rôle dans tout ça.

Constatation 2

Une réunion, qu’elle soit organisée au Canada ou au Mali, c’est du pareil au même. Plus de gens y participent, moins elle est efficace. Et généralement, c’est au cours des cinq dernières minutes de la réunion qu’on discute du principal point à l’ordre du jour, alors que tout le monde a déjà rangé ses papiers parce qu’il est l’heure de partir.

lundi, octobre 30, 2006

Bombarder les nuages

La semaine dernière, il a plu deux fois à Bamako, alors que normalement, la saison des pluies est terminée au Mali. Ainsi, la pluie ne devrait plus être qu’un phénomène exceptionnel. Cela s’explique, selon certains, par l’opération Saaga. Aussi incroyable que ça puisse paraître, l’opération Saaga consiste à bombarder les nuages, question de voir quelques gouttes de pluie nous tomber sur la tête.

Généralement, quand je parle du bombardement des nuages à des gens de mon entourage, ils rigolent et me laissent croire que ce ne sont que des légendes. Mais en discutant un peu avec un ami malien lieutenant dans l’armée, l’histoire s’est avérée vraie. C’est en fait l’armée de l’air qui serait responsable de bombarder les nuages avec du nitrate d’argent, ce qui provoquerait des orages et de la pluie. Et quelle pluie ! Les averses ici sont assez impressionnantes. Quand ça tombe, ça tombe pas à moitié ! Et la pluie est souvent accompagnée de beaucoup de vent, assez fort pour arracher les drapeaux et les banderoles des édifices. Et comme les systèmes d’égout ici sont à ciel ouvert, quand il pleut, les inondations sont fréquentes et les routes se transforment souvent en rivière.

C’est le Burkina Faso qui, le premier, aurait lancé l’opération Saaga (pluie en langue mossi). Les opérations aériennes consistent à répandre des produits chimiques afin qu’ils libèrent de façon précoce les gouttes d’eau. Elles nécessitent des séances d’observation complexes et des équipements ultra-sophistiqués : avions spéciaux, radars, satellites, modems et du personnel qualifié. Le programme, qui existe depuis 1999, a été institué avec le soutien technique et scientifique du Maroc, et il est devenu permanent au Burkina en 2004. Outre le Mali, le Cameroun, la Gambie, la Mauritanie et le Cap-Vert comptent sur le soutien du Maroc pour développer un tel programme.

Maintenant, est-ce que réellement l’opération Saaga, qui coûte une fortune aux pays qui l’appliquent, contribue réellement à lutter contre la sécheresse ? Il est permis d’en douter, surtout qu’au départ, le Mali est dépourvu de végétation sur la majorité de son territoire. Ainsi, qu’est-ce qui retiendra cette eau tombée du ciel ? Une chose est sûre, depuis qu’il a plu à Bamako, le temps est lourd, lourd, lourd… Si j’étais un arbre, peut-être que j’apprécierais toute cette humidité, mais n’étant pas un arbre, c’est une autre histoire !

Source : http://www.afrik.com/article8167.html

dimanche, octobre 29, 2006

Je me présente : Mariam Doumbia

Les Maliens ont l’habitude, par souci d’intégration je crois, et peut-être un peu aussi par orgueil, de donner un nom malien à toute personne qui séjourne au Mali un certain temps. Pour ma part, c’est notre gardien David qui m’a nommée. Il m’a d’abord prénommée Mariam (l’équivalent de Marie), comme sa fille, et comme de nombreuses petites filles ici. Puis un soir, une voisine était en visite à la maison, et quand elle a demandé comment je m’appelais, il a répondu “Mariam Doumbia”. Alors voilà comment j’ai été baptisée malienne. Depuis, quand un malien me demande mon nom, je réponds généralement “Mariam Doumbia”, et une fois l’effet de surprise passé, on rigole un peu, et ainsi, tout contact est plus facile. Dans la rue où j’habite, je suis aussi “Mariam” pour les enfants qui, de toutes façons, étaient incapables de prononcer mon véritable prénom. Peu à peu, je développe le réflexe de me retourner quand j’entends Mariam.

Tout de même, papa, maman, il ne faut pas vous inquiéter, je demeure Johanne dans mon coeur et je demeure Johanne au travail aussi. Mais au Mali, porter un nom malien facilite beaucoup l’intégration. C’est un peu comme en Beauce en fait : si une personne rencontrée là-bas peut trouver un lien entre moi et un oncle, un grand-père ou un cousin, déjà, elle aura l’impression de me connaître un peu mieux et sera dès lors plus à l’aise. Ainsi, un nom malien permet aux gens d’ici de me situer. En effet, les maliens sont très fiers de leur nom de famille, car non seulement il désigne un groupe familial, mais également un récit historique et légendaire. Ceux qui portent certains noms de famille se considèrent donc comme cousins même si en réalité leur relation est très éloignée. En tant que Doumbia, mes cousins sont généralement de l’ethnie peul et portent des noms tels que Sidibé, Diallo, Sisse, Songaré ou Diakité. Les Coulibaly, très très nombreux ici, sont aussi mes cousins.

Les Doumbia sont traditionnellement de la caste des forgerons. Si les castes n’existent plus officiellement au Mali, elles font encore partie du discours populaire. Ainsi, chacun sait s’il fait partie des nobles (les cultivateurs, les pêcheurs ou les chasseurs) ou s’il fait partie des castes (forgerons, griots).

De plus, il existe ici ce qu’on appelle la “plaisanterie à cousinage” à laquelle on ne peut participer que si on porte un nom malien. Ainsi, si je rencontre un cousin, c’est-à-dire un Sisse ou un Diallo par exemple, je peux le taquiner sans qu’il s’en offusque, même si je n’ai jamais vu cette personne, même si cette personne est le président du pays ! Je peux taquiner tous les cousins rencontrés, ce qui incite aux longues discussions rigolotes au cours desquelles on se taquine et se taquine et se taquine, on dit à l’autre qu’il est sale, qu’il mange mal, qu’il est mauvais, etc., sans toutefois que ce soit jamais agressif.

Quand même, pour taquiner, ça prend une bonne connaissance des liens familiaux au Mali et de l’origine des familles. Ainsi seulement il est possible de taquiner l’une en lui disant qu’elle est une vendeuse de petit lait, parce que traditionnellement, sa famille élevait les vaches, ou en disant à l’autre qu’il ne mange que des haricots ou des oeufs. Pour l’instant, donc, je me fais taquiner beaucoup, sans jamais trop savoir comment répondre. Mais j’apprends, j’apprends… ils ne perdent rien pour attendre, mes cousins maliens…

samedi, octobre 28, 2006

Cette semaine dans un sotrama

Un après-midi plus tôt cette semaine, j’ai dû quitter le travail plus tôt, car un électricien devait passer à la maison réparer quelques lumières qui ne fonctionnent pas à l’appartement. Le sotrama que j’ai emprunté était donc presque vide. En cours de route, un petit garçon est monté avec sa maman. Dès le moment où il m’a aperçue, il a écarquillé les yeux, et il m’a fixée ainsi tout le trajet, jusqu’à ce que je sois hors de vue. Sa maman m’a dit, en riant “Il te regarde ! C’est peut-être parce qu’il t’aime…” Je me suis contentée de sourire, mais j'ai pensé “Hum, laissez-moi en douter…”

Quand j’étais au Burkina Faso, à l’été 2005, j’étais avec deux autres toubabs (des “nassara” comme on appelait les blancs là-bas), quand deux petites jumelles d’environ 2 ans nous avaient été présentées. Les petites filles ont eu si peur en nous voyant qu’elles ont mis la soirée avant même daigner regarder un peu notre peau blanche de fantômes effrayants !

La plupart des enfants ici sont fascinés par les blancs. Ils nous crient “Toubabous ! Toubabous!” quand ils nous voient passer sur la rue, ou alors ils font des grands signes à leurs amis ou à leur maman pour qu’ils nous regardent un peu. D’autres nous disent, en nous croisant sur la rue, “Bonsoir!” ou “Ça va?”, comme le font certains hommes d’ailleurs. Il y a quelques jours, après que j’ai assis sur mes genoux une petite fille pendant quelques minutes, c’est avec fierté qu’elle a couru dire à l’oreille de son petit frère qu’elle s’était assise sur la “blanche”. Il m’est aussi arrivé, en prenant un sotrama, qu’un petit bébé passe tout le trajet à caresser avec étonnement mon bras de blanche. Et puis il y a cette toute petite fille du voisinage, Mariam, qui, chaque fois qu’elle me voit, s’aggripe à ma jupe et refuse de me laisser. Mais alors que la plupart des enfants semblent plutôt fascinés par les blancs, il en demeure encore quelques-uns, surtout chez les plus petits, qui sont complètement effrayés par notre peau blanche.

vendredi, octobre 27, 2006

Les bureaux d’ONUSIDA

ONUSIDA, qui était situé dans les mêmes locaux que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à Bamako, est déménagé il y a trois mois dans les locaux très récents du PNUD, situés tout juste au bord du fleuve Niger, sur le boulevard du Peuple. L'immeuble Nimagal loge également les bureaux de la BICIM (Banque internationale pour le commerce et l'industrie au Mali). Il s'agit en fait, de tous les édifices que j’ai vus à Bamako, celui qui me semble le plus moderne. Mais si les bureaux actuels ont fière allure, on peut pas trop s’y fier, paraît-il, et il y a plusieurs trucs qui ne fonctionnent pas très bien, en fait. Ils sont aussi beaucoup plus petits que ceux dans lesquels ONUSIDA était jusqu’à il y a trois mois. Mais pour moi, ils ressemblent en tout point à des bureaux de fonctionnaires canadiens, avec les cubicules et tout, et il y a pas lieu de se plaindre. Ma ligne téléphonique ne fonctionne pas, et risque de ne pas fonctionner avant un moment, voire jamais, à cause de problèmes de câblage, et mon ordinateur n’est pas très récent. Mais j’ai accès à Internet haute vitesse, ce qui est déjà franchement bien, surtout que les problèmes de communication sont fréquents dans un pays comme le Mali. Et puis c’est déjà beaucoup mieux que l’environnement dans lequel je travaillais au Burkina : on avait alors installé l’ordinateur dans une ancienne laiterie sans ventilateur et ce sont des oeufs de lézard qui décoraient les murs !

La cantine, comme les bureaux du PNUD et d’ONUSIDA, ressemble en tout point à des locaux canadiens. Il y a l’air climatisé, les planchers sont en céramique (et non en ciment comme c’est souvent le cas ici), et il y a même un micro-ondes là-bas, le seul que j'ai vu depuis que je suis à Bamako. Si la cantine est équipée à l’occidentale, on y mange à la malienne : on y sert du riz au gras, du riz blanc avec sauce d’arachide, du foniou, du to, des bananes plantains, etc. Et tout est bien huileux, car au Mali, on aime les femmes bien rondes !

Dans les bureaux, il y a aussi des fontaines d’eau, sauf que plutôt que d’utiliser de petits verres de carton jetables, tout le monde utilise la même tasse, qui reste là sur la fontaine ! La première journée où je suis passée là-bas, j’avais tellement soif, et j’avais pas ma gourde, alors je me suis dit “Bon, ok, pourquoi pas?” Mais dès le lendemain, j’avais ma gourde, je le jure !

Même si la plupart des employés du PNUD et d’ONUSIDA sont maliens, il y a aussi dans les bureaux de nombreux étrangers, notamment des africains de toutes origines et des européens. J'ai rencontré aussi, jusqu'à maintenant, un autre canadien et un américain. Et sinon, je découvre peu à peu que les maliens, et probablement les africains en général, ont une fascination pour les téléphones cellulaires : ainsi, à tout moment du jour, j’entends des téléphones sonner avec des sonneries toutes plus cocasses les unes que les autres !

jeudi, octobre 26, 2006

Faire le lavage prise 2

Il y a des gens, juste à côté du bureau où je travaille, qui font la lessive durant le jour. Ainsi, peut-être que je pourrais leur demander de faire mon lavage. Ce serait pratique, je pourrais passer prendre mes habits à la fin de ma journée de travail, après qu’ils aient séché toute la journée sur la plage

Plus sérieusement, je me suis résignée, pour cette fois-ci, à faire ma lessive à la main. C'était férié lundi, alors j'avais du temps devant moi, et quand on a la méthode, le résultat est pas mal. Mais je cherche toujours quelqu'un dans le voisinage qui pourra faire ma lessive.

À la recherche des chutes de Kourouni Yéléké

En fin de semaine dernière, Amélie, qui travaille à Dakar au Sénégal, est venue visiter Bamako. Le dimanche, le soleil était chaud, comme toujours, mais peut-être un peu moins qu’à l’habitude. On s’est donc mis dans la tête d’aller visiter les chutes de Kourouni Yéléké. Selon le Guide du routard, il y a là des “cascades avec d’énormes bénitiers creusés dans la roche” et il s’agit d’un site très agréable. Ça a piqué notre curiosité.

Le Guide proposait de se rendre jusqu’au terminus Talko, puis de marcher ensuite de 2 à 3 kilomètres. On a donc arrêté un taxi, pour qu’il nous amène là-bas. Mais voilà que déjà, c’était un peu compliqué : le chauffeur de taxi s’est arrêté trois fois pour demander son chemin, alors qu’en fait, le terminus Talko était à environ 10 minutes de notre point de départ. Un fois à Talko, on a commencé à marcher un peu vers les montages. Pour voir des cascades, c’était logique de marcher vers les montagnes, non ? Alors on a marché. Et marché. Et marché. Des enfants se sont joints à nous. Toutes les 5 minutes, on s’arrêtait pour demander “Kourouni Yéléké?” et chaque fois, tout allait bien, nous marchions dans la bonne direction. Mais voilà qu’à un moment donné, un homme nous a dit “Ah mais non, vous êtes passées tout droit. Les chutes, c’est plutôt là-bas”. On a donc rebroussé chemin, toujours accompagnées par quelques enfants. Parmi les plus persévérants, trois petites filles nous ont suivies tout le reste de l’après-midi.

On a marché encore longtemps. On a même trouvé le courage, malgré la chaleur, de suivre un peu un sentier qui grimpait dans la montagne. Mais plus on avançait sur le sentier, plus les herbes de chaque côté de nous étaient hautes, et au bout d’un moment, Amélie et moi avons pensé à la même chose : les serpents ! Y a des serpents ici ou pas ? Les petites filles ont dit “Oui, il y a des serpents ici”, alors on a pris peur, on a rebroussé chemin à nouveau. Comme on avait demandé au chauffeur de taxi de revenir nous prendre à 16h au terminus Talko, on a abandonné tout espoir de voir les chutes de Kourouni Yéléké, et on a entrepris de revenir vers le terminus. Les petites filles qui nous suivaient depuis le début de l’après-midi, contentes d’avoir de nouvelles amies toubabs, ont voulu nous présenter à leur maman. On a donc fait un petit détour pour dire bonjour à la maman. Puis elles ont voulu nous montrer un raccourci. Puis un autre. Bref, on s’est perdues. C’est finalement en sotrama que nous sommes retournées au terminus Talko, où on a attendu notre chauffeur de taxi… et attendu… et attendu… Il n’est jamais venu !

Après avoir longuement patienté, on a vu passer un taxi (qui s’était probablement perdu dans ce secteur loin de tout) et on l’a surtout pas laissé partir ! Il nous a ramenées à la maison, alors que les chutes de Kourouni Yéléké sont demeurées introuvables ! On a tout de même eu l’occasion de voir de belles montagnes (ici et ici).

Mon appartement en photos

J'ai reçu une demande spéciale : ma soeur veut voir où j'habite. Voici donc quelques photos de mon appartement. En fait, j'habite une maison qui a été construite par un homme marié à trois femmes. Il a construit un étage pour chacune de ses femmes. En attendant qu'il y emménage avec sa famille, Nathalie, moi et bientôt Serge habitons le rez-de-chaussée, l'étage entouré de murs. De la rue, ma maison ressemble à ceci. Quand on passe le mur qui entoure notre appartement, on arrive sur la terrasse, où se trouve aussi le robinet. Puis on arrive dans la cuisine, où se trouve les quelques seaux qu'on utilise pour nettoyer, un meuble de rangement, un filtre pour l'eau, et un mini poêle au gaz (d'autres photos de la cuisine ici et ici). Il y a sinon trois chambres à coucher identiques, chacune équipée de sa propre salle de bain. Et nos lits sont tous recouverts d'un moustiquaire qui nous protège des moustiques et, ces temps-ci, des sauterelles qui envahissent notre appartement tous les soirs depuis quelques jours.

mercredi, octobre 25, 2006

J’entame une deuxième semaine de travail chez ONUSIDA

Au Mali, on a fêté la fin du ramadan dimanche. Mais en rentrant au travail le mardi, l’ambiance était toujours à la fête, avec tous ces gens bien coiffés qui portaient de beaux bijoux et de beaux habits neufs. On aurait dit le retour au travail après le Jour de l’an chez nous, avec tous ces gens qui se souhaitaient leurs meilleurs voeux. Maintenant que le jeûne est terminé, j’ai trouvé, sur l’heure du midi, la cantine du bureau complètement bondée ! Et maintenant que le ramadan est terminé, les horaires de travail sont revenus à la normale : on ne termine plus la journée à 16h, mais plutôt à 17h. Je quitte donc la maison le matin vers 7h30, pour pouvoir arriver à l'heure à la réunion quotidienne de 8h30, et je suis de retour le soir entre 17h30 et 18h.

C’est aussi le mardi que mon patron a décidé de me présenter à tout le personnel de l’étage, essentiellement des employés du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement). J’ai aussi rencontré le représentant du Secrétariat exécutif du HCNLS (Haut Conseil national de lutte contre le SIDA), qui relève directement du président du pays.

Maintenant que je connais un peu mieux mon mandat (je travaillerai essentiellement sur 4 dossiers), je peux mieux orienter mes lectures, de même que les quelques rencontres que je prévois effectuer au cours des prochains jours. Dès demain, je participerai à une rencontre sur l'UNDAF (un plan cadre des Nations Unies pour l'assistance au développement) puis à une rencontre organisée par l'UNESCO sur les droits humains et la lutte contre la pauvreté.

Si ma deuxième semaine est ponctuée de rencontres, elle est, encore une fois, faite de beaucoup de lectures. Elle me permet également de constater que j'ai beaucoup de pain sur la planche. En effet, l'équipe d'ONUSIDA est très réduite. Nous sommes en tout 3 professionnels : outre le directeur de l'équipe, je suis la seule personne responsable des communications, et une toute nouvelle experte en suivi-évaluation s'est joint à l'équipe en même temps que moi, il y a une semaine. Les autres employés d'ONUSIDA sont des employés de soutien. Ainsi, dès maintenant, je sens que je serai utilisée à pleine capacité. Je sens que ma présence ici est appréciée, et je ne peux pas m'en plaindre !

C'était la fête à Bamako !

On savait que la fin du ramadan approchait, mais ce n’est que samedi soir, après le lever de la lune, qu’on a su qu’effectivement, la fête aurait lieu le dimanche. En effet, c’est la façon dont se déploie la lune qui indique quand exactement se terminera le mois du carême pour les musulmans, ce qui explique que la fin du ramadan ne tombe pas toujours au même moment, selon le pays où l’on se trouve.

Avant même que le jour officiel de la fête soit déterminé, avant même que ne se lève la lune, Bamako était en feu ! Avec Amélie, venue de Dakar pour visiter un peu ma ville d’adoption, j’ai magasiné au marché N’Gololina et au grand marché du centre-ville. Le premier avait été déserté par les clients, mais il était rempli de vendeurs pressés de vendre. À cause de la fête, tout le monde à Bamako avait besoin d’argent : il faut acheter beaucoup de nourriture et gâter les enfants avec des cadeaux et de nouveaux vêtements. Au centre-ville, le grand marché était complètement bondé ! En vue de la fête, tout le monde cherchait à vendre, tout le monde cherchait à acheter. Et comme tout se négocie ou presque à Bamako, faire des achats, c’est pas une mince affaire ! Il faut s’armer de bons arguments, et surtout de patience.

Quand, le soir, le taxi que nous avons emprunté a eu la mauvaise idée de passer par le grand marché pour traverser le centre-ville, la ville était devenue complètement chaotique. Nous avons mis 30 minutes pour traverser une distance qu’on traverse normalement en 5 minutes, pressés de toutes parts par les voitures, les sotramas et les piétons, et harcelés par les klaxons et les vendeurs qui ont l’habitude de s’arrêter aux fenêtres des voitures, pour un service à l’auto nouveau genre. Et la fête n’était pas commencée !

Le dimanche matin, c’est la prière chantée à la mosquée tout près qui m’a réveillée. Après la prière, une foule a quitté la mosquée dans un long cortège coloré. Pour l’occasion, les petites filles étaient nouvellement tressées, les enfants portaient des habits et des souliers neufs et, comme les femmes, de beaux bijoux en or (ici, ici et ici). Certaines petites filles avaient les sourcils maquillés alors que d’autres portaient sur les pieds et les mains des dessins faits à l’henné. Les hommes, quant à eux, portaient des boubous neufs (ici et ici).

Traditionnellement, à la fin du ramadan, les gens se promènent de maison en maison pour demander pardon pour les fautes qu’ils ont commises au cours de la dernière année. On accorde le pardon aux enfants en offrant à chacun 25 ou 50 FCFA (5 sous canadiens environ). Toute l’avant-midi, on a vu ainsi défiler des groupes d’enfants tirés à quatre épingles venus demander pardon. Des groupes d’hommes sont passés également. Pendant ce temps, les femmes étaient à la cuisine à préparer la nourriture. Ainsi, dans la rue, c’était beau de voir les hommes et les enfants défiler dans leurs beaux habits neufs. L’ambiance était à la fête. Mais les femmes étaient absentes de la scène.

La fête de la fin du ramadan (que certains appellent la Korité), c’est aussi l’occasion pour les familles de se visiter un peu, et pour les voisins, de se voisiner. Ainsi, notre voisine nous a fait cadeau, dans la soirée, d’un bol de poulet yassa et d’un bol de riz.

Toute la journée, l’ambiance était à la fête à Bamako. Les kiosques où l’on vend des cigarettes sont réapparus, comme la musique. D’ailleurs, toute la journée, des joueurs de djembés ont circulé dans le voisinage pour jouer un peu en échange de quelques francs. Maintenant que la période de jeûne est terminée, Bamako peut souffler un peu et recommencer à vivre !

mardi, octobre 24, 2006

Ma première semaine de travail chez ONUSIDA

C’est lundi dernier que je commençais à travailler officiellement avec ONUSIDA. Ma première journée de travail a été brève : après une rencontre d’environ une heure avec le directeur d’ONUSIDA, Dr. Ledecq, on m’a renvoyée chez moi, en m’invitant à revenir le lendemain chercher des documents. Alors le mardi, je suis passée vers 11h, en prévoyant revenir rapidement chez moi avec beaucoup de lecture sous le bras. Mais en fait, une fois sur place, je suis tout de suite repartie avec le chauffeur, M. Bruno-Michel Dembele, qui a essayé de voir un peu avec moi comment je pourrais me rendre de chez moi au travail sans marcher chaque matin et chaque soir 2 km sous le chaud soleil malien. On n’a pas trouvé la solution finalement, et au retour, c’était déjà l’heure de manger ! Madou Keïta, l’homme à tout faire de l’équipe en quelques sortes, m’a montré la cantine, mais comme il jeûnait pendant le ramadan, j’ai mangé mes brochettes et mes bananes plantains toute seule.

Finalement, j’ai passé une partie de l’après-midi à discuter avec Mme Astou Doumbia qui, sans faire partie de l’équipe officiellement, collabore au travail d’ONUSIDA. Pour reprendre les termes du Dr. Ledecq, elle est une “appuyeuse”. Je suis donc revenue à la maison en fin de journée seulement, sans les documents qu’on devait me remettre! Quand enfin on m’a remis les documents, le mercredi, je suis restée là-bas, question de profiter un peu de l’air climatisé… et d’Internet, au travers la lecture de quelques documents. Ça m’a aussi permis de me familiariser un peu avec l’équipe, très réduite. Outre MM. Ledecq, Dembele et Keïta et Mme Doumbia, l'équipe est composée de Mme Lalla Cisse Doumbia, l’assistante de Dr. Ledecq, puis d’une certaine Félicité, une rwandaise qui a joint l’équipe cette semaine seulement. Par contre, au fur et à mesure que les semaines vont avancer, je risque de travailler de plus en plus avec des représentants du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) et du HCNLS (le Haut Conseil National de Lutte contre le Sida). D'ailleurs, mes lectures me permettent de me familiariser peu à peu avec la structure un peu compliquée d’ONUSIDA et de ses (trop!) nombreux partenaires !

Après la journée fériée de lundi (fériée à cause de la fin du ramadan), j'entame ma seconde semaine de travail chez ONUSIDA.

lundi, octobre 23, 2006

La nuit du destin

Mercredi soir dernier, j’étais sur la terrasse, quand tout à coup, j’ai entendu une femme chanter dans les haut-parleurs de la mosquée près de chez moi. Elle a chanté ainsi pendant plus d’une heure. Tout de suite après, un homme s’est mis à chanter, lui aussi pendant plus d’une heure. Finalement, le manège a duré toute la nuit.

Comme c’est souvent le cas au Mali, j’apprends ce qui s’est passé que plus tard, en discutant avec des gens du travail ou avec notre gardien David. Ainsi, en revenant du travail, jeudi soir, je discutais un peu avec Madou, qui habite le même quartier que moi, et qui prends donc le même sotrama. C’est là qu’il m’a dit que la nuit précédente, il avait prié toute la nuit à la mosquée. Une fois par année, les musulmans font une nuit de prière qu’ils appellent « Molud ». Cette nuit, aussi appelée la « nuit du destin », a lieu chaque année, environ 3 jours avant la fin du ramadan. Le prophète Mahomet aurait dit : « Toutes les fautes passées sont pardonnées à celui qui passe la nuit du destin en veillée pieuse avec foi et espoir de récompense. Il a aussi recommandé aux musulmans de répéter cette invocation au cours de la nuit du destin: « Ô mon Dieu! Tu est indulgent, Tu aimes le pardon: fais-moi grâce! »

Selon la croyance musulmane, après un jeûne de 27 jours, l’œil du cœur voit mieux que l’œil de la chair, et l’homme peut ainsi mieux contempler sa rencontre avec Dieu. Cette nuit donne ainsi sa pleine signification au mois de ramadan.

vendredi, octobre 20, 2006

Le Point G

La semaine dernière, à mon arrivée à Bamako, je suis grimpée sur le Point G. Il y a des esprits mal tournés dans la salle ? J’espère que non, parce qu’en fait, le “Point G”, c’est ainsi qu’on nomme les deux collines qui surplombent la ville de Bamako. Elles ont été nommées ainsi, paraît-il, parce que quand on voit les collines du haut des airs, elles ont la forme d’un G.

Sur l’une se trouve l’hôpital du Point G, et sur l’autre, nommée la colline de Koulouba, se trouve le somptueux palais présidentiel qu’on ne peut approcher sans permission spéciale.

On peut voir une photo du point en question ici. De là-haut, j’ai aussi pris quelques photos de la ville que vous pouvez voir ici, ici et ici.

"En Afrique, on n’a rien, mais on a ça"

J’ai écrit déjà que, comme plusieurs toubabs, nous avons un gardien, David, qui garde notre maison chaque nuit. David est originaire du Pays dogon, une longue falaise située tout près de la frontière avec le Burkina Faso. Les Dogon sont allés se réfugier dans cet endroit hostile, il y a plusieurs siècles, pour fuir l’islamisation. David n’est donc pas musulman. Ainsi, contrairement à la plupart des musulmans qui évitent de jouer, voire d’écouter de la musique en période de ramadan, il arrive à David de gratter un peu sa guitare tandis qu’il garde la maison. Rapidement, sa guitare a rendu David très populaire auprès des enfants du voisinage. Chaque soir, ils l’accostent en criant “guitarri! guitarri!” Hier soir, alors que Nathalie et moi étions sur la terrasse en train de discuter tranquillement avec David, une dizaine d’enfants du voisinage sont venus nous voir. Des toubabs, dans un quartier, c’est toute une attraction pour un enfant (et parfois même pour un adulte !). Des toubabs, dans un quartier, ça signifie, pour un enfant, des heures de plaisir !

Après que les enfants se soient fatigués un peu de toucher nos mains, nos bras et nos cheveux de blancs, David a sorti sa guitare. Des enfants ont chanté, d’autres ont dansé (les enfants africains, ils apprennent à danser avant de marcher !). Des femmes du voisinage nous ont rejoints. Puis chacun des enfants a raconté une histoire (en bamanan, mais ça, c’est une autre histoire!). Chaque fois, tout le monde applaudissait. Petit à petit, le groupe s’est rétréci. Vers 22h, tout le monde a quitté.

Alors que je regardais les enfants partir, David m’a dit : “Tu vois, en Afrique, on n’a rien, mais on a ça…” On n’a rien, mais on a “ça”…

jeudi, octobre 19, 2006

Faire le lavage, quel casse-tête !

Quand on arrive dans un pays comme le Mali, même accomplir les tâches les plus banales peut devenir compliqué. Les façons de faire sont différentes, et la plupart des repères qui me sont utiles au Canada ne me servent plus à rien ici. Ainsi, je cherche toujours, depuis mon arrivée, comment je pourrai faire un peu de lessive. C’est si compliqué ! D’abord, on n’a pas, bien sûr, de machine à laver à la maison. Sauf erreur, il n’y a pas non plus ici des buanderies comme on en trouve au Canada. Et puis, pour ce qui est de laver mes vêtements moi-même, on oublie ça ! J’ai essayé quand j’étais au Burkina, et tout était toujours aussi sale après qu’avant le lavage.

Heureusement, mon voyage au Burkina m’a un peu préparée au Mali. Là-bas, j’emmenais mes vêtements sales chez un blanchisseur, qui me chargeait environ 100 FCFA du morceau, c’est-à-dire 25 sous. Le lendemain, je repassais, et tout était très propre et repassé en prime ! Alors en arrivant dans mon quartier, Lafiabougou, j’ai immédiatement commencé à chercher un blanchisseur. Nathalie et moi, on s’est rendues jusqu’à un hôtel tout près de chez nous, et le gérant, Samou (appelez-moi Sam !), nous a menées jusqu’à un blanchisseur. Mais c’était en fait un “pressing”, l’équivalent du nettoyeur chez nous. Là-bas, c’était trop cher pour qu’on y fasse notre lavage hebdomadaire. Nous sommes donc revenues à la maison bredouilles.

Quelqu’un nous a dit que peut-être notre gardien de nuit, David, pourrait faire notre lessive (les toubabs qui vivent à Bamako ont l'habitude d'embaucher un gardien, pour la nuit seulement comme c'est notre cas, ou pour la nuit et pour le jour, pour éviter que n'importe qui entre n'importe quand dans la maison, un peu comme c'est l'habitude ici). J’en ai discuté un peu avec lui, et il m’a dit qu’en fait, il pouvait le faire, mais qu’il ne l’avait jamais fait. J’étais pas trop rassurée.

Je suis donc retournée voir Sam, pour lui demander où lui faisait nettoyer ses vêtements. Il a marché un peu avec moi pour me présenter sa blanchisseuse, mais voilà, elle était déménagée depuis peu ! Aïe, aïe, aïe ! Il m’a dit “C’est pas grave, il y a une dame qui vit en face de l’hôtel à qui je demande parfois de laver des vêtements.” Il m’a présentée à cette dame, Fatouma, qui justement était en train de faire la lessive. Mais d’abord, cette dame, elle ne parle pas français, et puis surtout, surtout, si vous aviez vu la brosse avec laquelle elle frottait le pantalon ! Si c’est cette dame qui fait ma lessive, je vous jure, après trois lavages, tous mes vêtements auront disparu sous sa brosse maléfique !

Il nous restait tout de même encore une alternative. En se rendant au travail, Nathalie a cru voir une buanderie, comme on en voit chez nous, avec tout plein de machines à laver (wow !). Elle y a fait un tour hier mais, fausse alerte, c'était aussi un "pressing", genre d'endroit où on fait nettoyer ses vêtements les plus délicats seulement.

Alors pour le moment, le problème n'est toujours pas résolu ! C'est une histoire à suivre !...

mercredi, octobre 18, 2006

Bamako la polluée

Bamako est une ville extrêmement polluée ! Une ballade au centre-ville n’est d’ailleurs pas très agréable. Pour me rendre à mon travail, je dois marcher près de 2 km en plein centre-ville, et quand on me dit que la marche, c’est bon pour la santé, moi, je pense à mes poumons et je réponds que j’en suis pas si sûre ! Les voitures récentes ici sont très rares et sont la plupart du temps des 4 x 4 qui appartiennent aux expatriés blancs (les toubabs ou toubabous, comme on appelle les blancs ici). La plupart des voitures, et encore plus les camions de transport, sont cachées sous un épais nuage bleu qui sent tellement mauvais ! Je vois quelquefois des gens marcher avec un foulard sur le nez, et j’ai parfois franchement envie de les imiter !

À l’odeur d’essence, il faut ajouter la poussière ! Même si les principales artères de Bamako sont goudronnées (asphaltées comme on dit chez nous), le gazon est presque inexistant et la ville est pleine de poussière. Dès qu’il vente un peu, la poussière est partout, et d’abord dans mes yeux, qui sont toujours très secs quand je me promène au centre-ville. Et puis quand j’ai passé une journée entière en sandales, le soir, mes pieds sont complètement noirs.

À la poussière, et à l’essence, il faut ajouter le bruit ! Les klaxons fusent de partout, à toute heure du jour. Les taxis, pour pas qu’on les manque, circulent en klaxonnant. Ils ont en plus la fâcheuse habitude de ralentir devant les toubabs. Comme si on allait les manquer, alors qu’ils sont les seuls à avoir des voitures jaune canari ! Et ils sont partout ! À tout bout de champ, il faut donc lever l’index et faire signe que "non, j'ai pas besoin d’un taxi", et seulement alors le taxi continue sa route.

Les voitures, les motocyclettes et les sotramas avancent comme ils peuvent, et comme la plupart sont d’un âge assez respectable, ils sont pas très silencieux. La ville est pleine de beding, bedang, vroum, vroum, zling, zlang, crac, prout ! Et quand un conducteur un peu plus agressif que les autres passe par là, les insultes tardent pas à se faire entendre ! Ça crie de partout, et quand on comprend pas ce qui se dit, vous trouvez pas que ça semble toujours un peu plus agressif ?! Moi, en tous cas, même si on m’a dit que les africains étaient comme ça, qu’ils aimaient parler fort et tout et tout, et que c’était moins agressif que ça en avait l’air, j’ai toujours l’impression qu’une bagarre va éclater !

Les piétons, dans tout ça, ils s’en sortent comme ils peuvent. J’ai vu des piétons faire la circulation, comme s’ils étaient policiers, pour arriver à traverser une rue. Alors c’est ce que je fais : quand je veux traverser une rue, je prie le bon Dieu, je lève les bras, et je m’élance ! Bref, ça prend des nerfs d’acier pour circuler au centre-ville de Bamako !

mardi, octobre 17, 2006

Des photos enfin !!

Pour une raison que j'ignore, je n'arrive pas à ajouter des photos directement sur mon blogue. Peut-être que je réussirai à résoudre le mystère des ordinateurs maliens un jour ! Mais j'ai tout de même réussi à télécharger des photos sur Flickr! A l'avenir, je vous donnerai donc le lien pour aller voir les photos qui accompagnent mes messages.

Dès maintenant, vous pouvez voir quelques photos, notamment des photos prises à Rabat, des photos du Ballet Kélété, et puis des photos des supers sotramas qui sont la source de tellement d'émotions, hé hé !!

Pour tout voir, cliquer ici.

Mon baptême de sotrama

Pour la première fois hier, j’ai pris un sotrama toute seule ! Les sotramas sont en fait les véhicules utilisés pour le transport en commun à Bamako. Ce sont des espèces de mini-vans verts, percés sur le côté pour permettre aux gens d’entrer, dans lesquels de petits bancs ont été installés. Des adolescents qu’on appelle des apprentis s’occupent d’enlever puis de remettre le cordon qui ferme la “porte”. Quand tu veux descendre, tu fais signe à l’apprenti, et lui donne un grand coup sur le véhicule, pour que le chauffeur à l’avant s’arrête. Quand on est prêt à repartir, les apprentis frappent à nouveau sur la tôle, et se rassoient sur le banc sur le bord de la “porte”… ou plutôt du trou qui sert de porte. Les apprentis, m’a-t-on dit, n’ont pas la langue dans leur poche. Mais comme la plupart parlent bamanan et non français, je ne peux pas confirmer. Ce que je peux dire, en tous cas, c’est qu’ils sont franchement habiles : j’en ai vu certains s’échanger de la monnaie, ou serrer la main d’une connaissance, alors qu’on était déjà en route ! Ce sont les apprentis aussi qui ramassent l’argent des passagers, 125 FCFA par personne, soit 30 sous canadiens. Ce sont eux enfin qui crient aux gens sur le bord de la route là où s’en va le sotrama, quand il quitte le centre-ville. Mais avant de partir, on s’assure de bien le remplir, alors il faut se serrer les fesses un peu. Et quand il y a plus de place dans le sotrama lui-même, on asseoit les passagers à côté du chauffeur, question de bien rentabiliser la ballade !

De mon quartier partent des sotramas sur lesquels il y a rien d’écrit, et ceux sur lesquels il est écrit A.C.I. 2000. On m’avait bien dit de prendre un sotrama sur lequel y a rien d’écrit, car les A.C.I. 2000 font le tour de la ville. Moi, j’ai fait quoi ? Bien, je me suis trompée, j’ai pas pensé à regarder, et j’ai pris le premier sotrama qui est passé. C’est une fois à l’intérieur seulement que j’ai constaté que c’était un A.C.I. 2000, quand j’ai vu qu’il n’allait pas vers le centre-ville. Alors, bien involontairement, j’ai visité quelques quartiers de Bamako que je n’avais encore jamais vus. Heureusement, tous les sotramas finissent par aboutir au centre-ville. Je suis donc débarquée au terminus.

Le terminus, c’est aussi le centre-ville et le grand marché, alors là-bas, c’est un peu la pagaille, et je savais plus trop où j’étais exactement. Heureusement, il y a des avantages à être une minorité visible. Par hasard, Abdoulaye, le chauffeur du CFCI (l’organisme canadien qu parraine mon séjour au Mali) est passé par là sur sa moto, et il a pu m’indiquer un peu où j’étais : juste en face du Carrefour des jeunes, justement là où j’allais !

Finalement, je m’en suis bien sortie, mais ma balade a tout de même été un peu plus longue que prévue.

Pour voir de super beaux sotramas, c'est ici et ici !

Journée mondiale de l'alimentation

Hier, 16 octobre, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (la FAO) organisait la journée mondiale de l'alimentation. Selon Radio France internationale, 900 millions de personnes en souffrent. Chaque année, 9 millions de personnes meurent de faim, ce qui est le double du nombre de personnes qui meurent du sida, du paludisme et de la tuberculose réunis. C’est en fait la première cause de mortalité dans le monde.

Selon la FAO, l'agriculture doit jouer un rôle de premier plan sur la scène internationale pour enrayer la faim. Ainsi, elle préconise notamment le rapprochement des producteurs et des agros-industries, un peu comme l'encourage, chez nous, l'agriculture biologique.

A ce sujet, j'ai lu dans le guide du Routard qui porte sur l'Afrique de l'ouest qu'un groupe de chinois aurait (j'écris "aurait", car il s'agit de rumeurs et non de faits fondés) acheté une plantation de thé, au sud du Mali, pour ensuite laisser se détériorer la plantation, pour qu'ainsi les chinois puissent ensuite importer au Mali leur propre thé. C'est le genre de stratégie qui aurait été utilisée également au Burkina Faso, un grand producteur de riz qui, pourtant, consomme surtout du riz importé.

Face aux riches commerçants venus de l'étranger, quel pouvoir a la FAO ? Quel pouvoir, surtout, ont les habitants de pays pauvres comme le Mali ou le Burkina?

Source : http://www.fao.org/wfd/2006/index.asp?lang=fr

lundi, octobre 16, 2006

Le ramadan

Le ramadan, le mois de carême pour les musulmans, était rigoureusement observé au Maroc quand j’y suis passée, et il l’est également au Mali, où 85% de la population est musulmane. Par contre, il est un peu plus facile, au Mali, de trouver des restaurants ouverts et d’acheter de la nourriture sur la rue, même en plein jour. Le ramadan dure exactement un mois et il se terminera, au Mali, dimanche prochain, sauf erreur. Dans très peu de temps, donc, ce sera la fête pour les maliens, et franchement, ça se sent ! Il y a ici une effervescence qui ressemble à celle qui existe au Canada avant les fêtes de Noël et du Jour de l’an. On nous a dit par exemple qu’on devrait peut-être patienter un peu avant que les rideaux que nous avons fait coudre soient prêts, parce que comme la fin du ramadan approche, tous les couturiers sont occupés à coudre et à broder de beaux habits neufs que tout le monde portera lors de la fête qui clôturera la période de jeûne, qu’on appelle l’Aïd-es-Seghir (ou Aïd-el-Fitr). On nous a dit aussi que c’était un bon moment pour magasiner un peu, et surtout pour négocier, parce que tout le monde avait besoin d’argent avec la période de fêtes qui s’en vient.

D’ici là, les musulmans qui observent le ramadan jeûnent, ce qui veut dire qu’ils n’avalent rien, pas même une goutte d’eau, ni fumée de cigarette, du lever jusqu’au coucher du soleil. Les plus rigoureux vont même jusqu’à cracher leur salive ! Dans un pays comme le Mali, où le soleil plombe tous les jours, c’est presque héroïque de jeûner ainsi. Mais les maliens nous disent que c’est une question d’habitude. Quand même, il y a aussi une effervescence particulière quand on coupe le jeûne, vers 18h30. Les femmes qui ont des fruits et des légumes à vendre sortent avec leur récolte en fin de journée, alors qu’elles sont invisibles au coeur de la journée. Et il y a plein de gens qui courent acheter de quoi manger.

Et puis du moment où le soleil se lève, jusque dans la soirée, les musulmans sont appelés à la prière, cinq fois par jour. L’heure de la prière est annoncée par l’appel, qui est diffusé par des haut-parleurs. De notre appartement, on ne peut pas le manquer : il y a une mosquée à 100 mètres de chez nous ! Avant la prière, les musulmans doivent faire leurs ablutions, c’est-à-dire se purifier en se lavant le visage, la barbe, les pieds et les mains. Ainsi, le robinet de notre terrasse est parfois assailli de prieurs un peu en retard qui viennent rapidement se laver le visage et les mains avant de courir vers la mosquée.

Pour l'instant, j'ai un peu de mal à évaluer l'impact du ramadan sur la vie des gens et, conséquemment, sur la mienne. Mais plus les jours avancent, plus j'ai l'impression que l'impact est plus grand que je l'imaginais avant d'arriver ici. Par exemple, les premiers jours où j'étais ici, j'avais un peu de difficultés à trouver de quoi manger, et j'ai constaté que c'est seulement avant de couper le jeûne, vers 17h, que les vendeuses sortent leur récolte de salade, tomates, concombres, arachides, bananes, etc. Autre exemple : j'étais au Carrefour des jeunes cet après-midi, où on m'a dit que je pourrais prendre des cours de danse. Mais une fois sur place, j'ai constaté qu'à cause du ramadan, les activités étaient plutôt tranquilles et que tout reprendrait la semaine prochaine, après la fin du ramadan. J'ai hâte de voir en tous cas en quoi la vie sera alors différente pour les maliens, et pour moi !

Commentaires

J'ai constaté il y a quelques jours que, sans le savoir, j'obligeais les gens à s'inscrire à Blogger pour laisser des commentaires. Maintenant, j'ai changé tout ça, et il est possible de laisser des commentaires sans s'inscrire. Mais s.v.p., signez tout de même vos messages, c'est toujours plus agréable de discuter quand on sait à qui on s'adresse !

dimanche, octobre 15, 2006

Le Ballet Kélété

Est-ce que j'ai dit déjà que d'adorais la danse africaine ? Eh! bien, je risque de le dire encore ! Hier soir, j'ai assisté à mon premier spectacle de danse malienne. Au Centre culturel français (le point de rendez-vous des toubabs, comme on nomme les blancs ici) se produisait le Ballet Kélété. Quand on dit "ballet" en Afrique, il ne faut pas imaginer des hommes et des femmes en tutu et en collant. C'est plutôt le nom qu'on donne à une troupe de danse.

Si j'aime tant la danse africaine, c'est d'abord parce que ça déborde d'énergie. Les danseurs et les danseuses bougent toutes les parties de leur corps, ils font des mouvements amples ou de tout petits mouvements, comme s'ils vibraient, ils chantent, ils crient, ils rient de toutes leurs dents, ils se déhanchent, ils sautillent, ils courent, ils tournent, ils font des pirouettes... Bref, c'est dynamique, c'est plein de vie et, à la fin, c'est très énergisant.

Si j'aime autant la danse africaine, c'est aussi parce que c'est franchement sensuel. Les danseurs habitent chaque partie de leur corps, du bout des orteils au bout des doigts, du bout des dents au bout des cheveux, et ça se voit, et ça se sent. Quand, pour accompagner les danseurs, ils sont plusieurs musiciens à taper sur des djembés, on peut sentir les vibrations jusque dans la salle. Au bout du compte, tout le monde transpire, et les musiciens, et les danseurs et les danseuses, la sueur met les muscles en évidence, et c'est magnifique !

En passant, j'ai plein de photos déjà que j'espère publier bientôt bientôt sur mon blogue, mais pour l'instant, quelques petits problèmes techniques rendent les choses un peu lentes. Quand même, si vous cliquez sur la boîte Flickr! sur le côté de ma page, vous pourrez voir cinq petites photos prises au Maroc et qui illustrent mon billet sur Rabat.

samedi, octobre 14, 2006

Un nouvel appartement

Depuis jeudi, Nathalie et moi sommes installées dans notre appartement de Bamako. Nous avons un appartement dans le quartier de Lafiabougou, le “futur centre-ville” de Bamako paraît-il. Mais pour le moment, disons que nous sommes complètement à l’ouest de la ville et que nous sommes franchement un peu loin du centre-ville. Hier matin, j’ai testé les transports en commun (de petits camions verts qu’on appelle les “Sotrama”), pour savoir comment je me rendrai à mon travail, et ce sera franchement long et compliqué ! Heureusement, les taxis coûtent rien ou presque : de 750 à 1000 francs CFA pour se rendre au centre-ville, c’est-à-dire de 2$ à 2,50$CAN.

Notre première journée dans notre appartement a été un peu exaspérante : tout manquait, à commencer par l’électricité. Heureusement, le propriétaire a pu tout rebrancher dès le premier jour. Mais quand est venu le soir, les fluorescents de nos chambres ne fonctionnaient plus : nous étions en fait chacune équipée d’un stroboscope. C’est peut-être cool dans les boîtes de nuit, mais ça l’est un peu moins dans une chambre à coucher. Heureusement, encore là, Pierre, le mari de Mélanie, a tout arrangé dans la soirée. Il reste que, pour l’instant, nous n’avons pas de moustiquaires aux fenêtres, alors que c’est indispensable dans un pays où sévit le paludisme et où il fait tellement chaud qu’il est impensable de dormir la fenêtre fermée. Pour l’instant, en tous cas, on essaie de survivre en gardant les fenêtres fermées autant que possible. Pour ma part, j’ouvre la mienne tout juste avant d’aller m’abriter sous le moustiquaire de mon lit.

Notre cuisine est aussi équipée au minimum. Nous sommes deux, bientôt trois, à devoir se partager un tout petit frigo et deux petits ronds de poêle de rien du tout, sans four. Le robinet est à l’extérieur, sur la terrasse, comme c’est l’habitude ici, et on le partage avec la famille qui vit au-dessus de nous, c’est-à-dire au moins 10 personnes ! Et comme on n’a que deux tables (dont une pour le poêle et le filtre à eau), on met notre nourriture et notre vaisselle sur la deuxième, et on essaie de trouver un petit coin au travers tout ça pour manger.

J’ai l’air de me plaindre un peu, mais je dois avouer que, malgré tout, nous vivons dans des conditions beaucoup plus intéressantes que celles dans lesquelles vivent la plupart des habitants de Bamako. Nous sommes choyées d’avoir l’eau courante et l’électricité (même si les pannes de courant sont fréquentes). En plus, chaque chambre est équipée de sa propre salle de bain, ce qui est franchement bien ! Et petit à petit, on s’équipe : on a acheté hier des pagnes (des morceaux de tissu en coton très coloré qu’on voit beaucoup en Afrique) pour se faire faire des rideaux.

Comme on dit ici, “doni, doni, ba ka gna ka la” (petit à petit, l’oiseau fait son nid).

mercredi, octobre 11, 2006

Bamako : premières impressions

À Bamako, il fait chaud ! Avant d’atterir, le pilote a annoncé une température de 24 degrés et je me suis dit “Wow ! Ça va être agréable!” Mais j’avais oublié l’humidité, celle qui nous colle à la peau, et qui ne nous quitte que quelques minutes par jour, quand on a la chance de prendre une bonne douche fraîche. Oui, oui, une BONNE DOUCHE FRAICHE ! S’il y a quelque chose que je déteste normalement, c’est une douche froide. Mais ici, c’est le seul endroit où je peux me payer un peu de fraîcheur, mis à part les rares endroits où il y a l’air climatisé.

À part la chaleur, rien pour l’instant ne m’a laissée bouche bée. Il faut dire que ma visite de Ouagadougou l’an dernier m’a un peu préparée à “l’Afrique”. À ce moment-là, tout était nouveau pour moi : le chaos à l’aéroport, des gens partout dans les rues, des boutiques partout, l’odeur de bois brûlé qui frappe dès la sortie de l’avion... À Bamako, c’est une odeur différente qui m’a accueillie. On m’a dit que c’étaient les égoûts à ciel ouvert qui donnaient à la ville cette odeur particulière. À vrai dire, ce n’est pas une odeur aussi désagréable que ça puisse paraître, et après une journée, on ne la sent plus. Contrairement à quand je suis arrivée au Burkina, je dois dire aussi que je me sens dès le départ plus à l’aise de circuler dans la rue : je sais mieux comment agir avec les gens, et je sais mieux comment eux vont agir avec moi.

Depuis notre arrivée, Nathalie et moi habitons chez Mélanie et sa famille (Serge, qui était supposé voyager avec nous, nous rejoindra plus tard). Mélanie est la directrice de mon organisme parrain du Canada et elle habite le quartier Hippodrome, l’un des plus gros de Bamako, situé en plein coeur de la ville. Si tout va bien, j’emménagerai dans mon appartement aujourd’hui.

S’envoler

J’ai quitté Montréal dimanche soir, à la fin d’une belle journée d’automne colorée et ensoleillée. Quand enfin je me suis envolée, sur les ailes de Royal Air Maroc, c’était magnifique de voir la ville illuminée sous la lune presque pleine, qui elle-même faisait briller le fleuve. C’est un privilège assez incroyable, quand on y pense, de pouvoir voler et observer la terre du haut du ciel. Nos grands-parents n’ont pas connu ce privilège, et encore aujourd’hui, la majeure partie de la population ne sait pas ce que c’est que de voler. En tous cas, je suis consciente de mon privilège et, franchement, j’adore voler ! J’adore me déplacer d’un point A à un point B. J’adore les aéroports, et plus ils sont grands, plus je les aime ! J’aime voir des gens de partout qui vont et qui viennent. J’aime, surtout, imaginer leur histoire, d’où ils viennent et où ils vont, qui est venu les reconduire et qui les attend, qu’est-ce qu’ils sont venus faire ici, qu’est-ce qu’ils s’en vont faire là-bas…

Après 7h de vol, je suis arrivée à Casablanca, au Maroc, où deux surprises m’attendaient. D’abord, la Royal Air Maroc mettait à ma disposition une chambre, où j’ai pu dormir et prendre une douche, ce qui était franchement bienvenue ! Mais surtout, surtout, il y a mon ami Ali qui nous a invitées, Nathalie et moi, à le suivre jusqu’à Rabat, où il rencontrait un client. Avec Mouhacine, un chauffeur de taxi, nous avons visité les principaux sites de Rabat. D’abord la tour Hassan, construite au 12e siècle, et qui est en fait un minaret, c’est-à-dire l’endroit d’où on chante l’appel de la prière pour les musulmans. Sur le même site se trouvait la mausolée du roi Mohammed V, mais ce que j’y ai remarqué, surtout, ce sont les mosaïques, superbes. Et il faut imaginer le temps nécessaire pour les réaliser pour mieux saisir encore leur valeur ! On a un peu marché sur la plage, mais le brouillard était tellement épais qu’on avait du mal à même voir les vagues. On a visité ensuite la casbah des Oudaïa, où on s’est fait arnaquer par un faux guide (il nous a fait visiter la casbah sans nous demander si oui ou non on voulait un guide, mais à la fin, il nous a pas laissées partir sans être payé, et bien payé en plus !). Mais si on oublie le guide, les maisons bleues et blanches et les mini-rues de la casbah ont franchement beaucoup de charme. Enfin, on a fait un tour rapide de la nécropole de Chellah, où se trouvent les ruines d’une vieille ville. Mais ce sont surtout les cigognes et leurs nids immenses qui m’ont impressionnée !

Comme c’est le ramadan en ce moment (l’équivalent du carême chez les catholiques), les épiceries et les restaurants ferment durant le jour au Maroc. Nathalie et moi, on a donc jeûné une bonne partie de la journée, par la force des choses. Quand Ali a terminé sa rencontre de travail, on était bien contentes qu’il nous trouve un petit quelque chose à se mettre sous la dent!

Pour voir les photos de Rabat, cliquer ici.

dimanche, octobre 08, 2006

À bientôt !

Je quitte vers le Mali dans quelques heures. Après un vol de 7h, je passerai près de 15h à Casablanca au Maroc, puis je volerai encore 3h30 jusqu'à Bamako. J'ai créé ce blogue dans l'espoir d'y écrire régulièrement. Mais face au Mali, je suis face à beaucoup d'inconnu. Ainsi, je n'ai aucune idée de mon accès à Internet une fois là-bas. J'espère en tous cas écrire ici à nouveau très bientôt et le plus souvent possible. Sur ce, je vous dis à bientôt !

vendredi, octobre 06, 2006

Le VIH-SIDA : un premier survol

Le programme ONUSIDA, pour lequel je travaillerai au Mali, souhaite notamment prévenir la propagation du virus VIH. Mon travail consistera à trouver des moyens pour informer la population sur le sujet. J'ai étudié les communications et j'ai fait des études internationales, mais je ne prétends pas aller au Mali pour faire des miracles. Pour bien communiquer, il faut bien connaître ceux à qui on s'adresse, et c'est là mon point faible, n'étant pas malienne, pas même africaine. Mais je suis créative et j'ai en poche une bonne réserve de connaissances : j'espère ainsi me servir de ces habiletés pour aider un tout petit peu l'ONUSIDA à remplir sa mission.

Tout de même, quand on regarde un peu les chiffres, il y a de quoi être découragé ! Depuis 2002, le sida est considéré comme une pandémie globale qui ne montre aucun signe de ralentissement. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’à la fin de 2005, environ 40,3 millions de personnes vivaient avec le VIH, dont les deux tiers se trouvent en Afrique subsaharienne. Depuis le début des années 1980, on estime que plus de 25 millions de personnes sont mortes du sida. C'est l'équivalent de la population canadienne ! Alors que dans les premières années, l’épidémie touchait principalement les consommateurs de drogues injectables, les hommes homosexuels et travailleurs sexuels ainsi que leurs partenaires, ce n'est plus le cas aujourd'hui où la majorité des contaminations sont hétérosexuelles.

Le Mali, toutefois, n'est pas le pays africain le plus touché. La pandémie, en effet, touche une proportion plus importante de la population au sud du continent. Selon ONUSIDA, 130 000 personnes sont atteintes du VIH au Mali, dont 15 000 sont des enfants de moins de 15 ans. Seulement 32 % des personnes atteintes ont accès aux traitement antirétroviraux. Les personnes les plus touchées sont les professionnels du sexe, les camionneurs et apprentis, les vendeuses ambulantes et les aide-ménagères.

L’impact du VIH et du sida se fait d’abord sentir dans la vie des individus qui en sont atteints. En plus d'être physiquement plus faibles et de voir leur espérance de vie grandement réduite, les personnes atteintes sont souvent victimes de discrimination. Le film que j'ai co-réalisé avec Romain Ilboudo à l'été 2005 au Burkina Faso visait justement à lutter contre la stigmatisation des personnes atteintes. L'impact économique de la pandémie est également très important. La force de travail des pays est affaiblie et la perte de main-d’œuvre se trouve doublée lorsque l’on tient compte des proches qui doivent s’occuper des malades. Nombreux aussi sont les orphelins du sida. De plus, les dépenses en infrastructures, en personnel et en formation que nécessite le sida grèvent considérablement le développement économique des pays.

Sources : ONUSIDA, Wikipédia, le journal Le Soleil

Les outardes volent vers le sud


Je viens de voir passer un voilier d'outardes. Elles volent vers le sud, vers le soleil. Je les suivrai de près...

jeudi, octobre 05, 2006

À faire


Dans ma vie personnelle comme dans ma vie professionelle, j'ai l'habitude des listes "À faire". Si j'écris pas tout ce que j'ai à faire et tout ce que j'aimerais faire, ça me reste dans le ciboulot et, à la longue, ça devient franchement fatiguant ! J'ai donc des listes "À faire" partout : dans mon agenda, sur des bouts de papier, dans mon ordi, dans des courriels, dans des cahiers et, en dernier recours, dans la paume de ma main. C'était donc normal pour moi, en vue de mon voyage au Mali, de me faire une liste. Mais même sans liste, j'aurais pas oublié, parce que ça fait trop longtemps que je rêve de :

  • Visiter le désert du Sahara, le vrai, si possible en passant par Tombouctou et la Mauritanie :

Depuis que j'ai lu Le Petit Prince de St-Exupéry, j'ai toujours été fascinée par les déserts !

  • Apprendre la danse africaine :

J'ai pris des cours de danse africaine quand j'étais à Québec... de la danse guinéenne en fait, d'abord pour garder la forme, mais c'est rapidement devenu euphorisant !

  • M'acheter un djembé :

Quand je suis allée au Burkina, j'en ai pas acheté, en me disant que je n'étais pas musicienne de toutes façons. Quand, à mon retour, j'ai vu le reportage de Radio-Canada "Instrument de musique ou de destruction?" selon lequel la production de djembés pour le marché international contribuait à la déforestation, et donc à la désertification de pays d'Afrique de l'ouest, j'étais bien fière de ne pas avoir contribué au problème. Mais depuis, je me suis retrouvée dans tellement d'occasions où j'aurais pu utiliser un djembé, que je regrette de ne pas en avoir rapporté un du Burkina. Cette fois-ci, je ne raterai pas l'occasion !

mercredi, octobre 04, 2006

Une deuxième valise ou non ?

Ce matin, j'ai commencé à regarder un peu plus sérieusement ce que j'allais mettre dans mes bagages. Ça fait déjà quelques semaines que j'emmagasine des trucs du genre médicaments et produits de toilette, sans trop savoir qu'est-ce que j'emmenerai. J'étais franchement soulagée de voir qu'il y a amplement de place dans ma valise pour y mettre ce qui pourtant semblait remplir le coffre dans lequel j'avais rangé tout ça. Et puis j'ai encore pas mal d'espace pour mettre mes vêtements.

Dans le pire des cas, si jamais je manquais d'espace dans ma valise, j'ai droit à une deuxième valise en soute. Mais voilà que j'hésite. Une seule valise en soute est suffisante pour y mettre toutes les choses dont j'ai besoin. Mais je me rappelle trop bien, quand j'étais au Burkina, d'avoir été vraiment frappée par le dépouillement des gens... matériellement je veux dire. Je voyais des enfants marcher pieds nus, porter des chandails plein de trous, et je me disais "mon garde-robe déborde de vêtements que je ne porte plus parce qu'ils sont démodés..." Au Burkina, et au Mali aussi j'imagine, tout s'utilise, tout se récupère. Ainsi, j'ai plein de vêtements chez moi, des cassettes qui ne me servent plus mais qui sont encore très populaires en Afrique, des stylos, tout plein de choses qui pourraient servir peut-être à un organisme d'aide sociale, là-bas, au Mali. Mais comme je l'ai dit déjà, j'hésite à emmener une deuxième valise. D'abord par paresse : je sais qu'en arrivant à Bamako, je ne m'installerai pas tout de suite à mon appartement. Je devrai donc tout déplacer combien de fois ? Il y a rien qui m'assure non plus que mes bagages vont entrer dans un taxi...

Si j'hésite, c'est aussi et surtout parce que je suis mal à l'aise d'arriver au Mali les bras chargés de trucs à offrir. J'ai pas envie de donner de moi-même l'image de la canadienne riche qui arrive à Bamako pour partager un peu de sa richesse, façon paternaliste. Quand j'étais au Burkina, j'ai été étonnée de voir à quel point recevoir, et donc demander, était inscrit dans les moeurs. Et c'était remarquable tant chez les enfants que chez les présidents d'organisation. Continuellement, les enfants me criaient "Nassara, nassara" (la blanche), donne-moi des bonbons, donne-moi de l'argent, donne-moi ton appareil-photo..." Les adultes, à peine plus subtils, me disaient "Parlez de nous au donateurs canadiens". Jusqu'à une certaine limite, demander n'est pas une mauvaise chose. Surtout, avant de porter un jugement sur ce comportement, il faut se demander qu'est-ce qui l'explique ? D'où vient-il ? Qui en est responsable ? Quelle en est la cause ?... Mais ce comportement devient mal, à mon avis, quand il empêche l'initiative, la créativité et l'entrepreneurship et quand il fait germer le fatalisme.

Quand j'étais au Burkina, j'avais laissé des médicaments et des vêtements à mon organisation d'accueil, la SEMUS. Celle-ci avait un comptoir où elle vendait des articles à des prix sociaux, et la vente de ces articles lui permettait de financer ses autres projets, notamment un Centre de dépistage du VIH-SIDA. En leur laissant quelques trucs, je faisais d'une pierre deux coups : je recyclais des choses que je n'aurais plus utilisées de toutes façons, et je participais au financement de l'organisation. Mais à ce moment-là, je n'avais emmené qu'une seule valise, et les choses laissées étaient des choses que je prévoyais utiliser au départ...

Et maintenant, qu'est-ce que je fais ? J'emmène une deuxième valise ou non ?

mardi, octobre 03, 2006

Marcolito est arrivé !

Un nouvel ordi, quelle belle façon d'inaugurer un blogue ! Mon ancien ordinateur, avec ses 15 Go de disque dur et ses 256 Mo de mémoire vive, me causait de plus en plus de frustrations : impossible de l'utiliser pour m'amuser à faire un peu de montage vidéo, impossible ou presque d'y installer de nouveaux logiciels, de la nouvelle musique, de nouvelles photos... En plus, quelques touches du clavier ne fonctionnaient plus depuis quelques semaines.

Depuis longtemps, je me disais que mon prochain ordi serait un Mac. Pourquoi ? Franchement, j'en sais trop rien ! Durant mes études en communication, j'utilisais toujours des Mac. Même chose quand je travaillais pour la Société du Patrimoine de Saint-Victor (mon village natal). Mais depuis, je n'ai plus trop touché à autre chose qu'à des PC.

Alors quand j'ai pensé sérieusement à changer d'ordi, j'ai plutôt pesé les pours et les contres. J'ai parlé à tous mes amis propriétaires de Mac, qui ont tous répondu à la question "pourquoi un Mac?" par des arguments très logiques : les Macs sont rarement la cible de virus, l'ergonomie de la machine et du bureau est très intéressante, les produits Macintosh sont avant-gardistes, Bill Gates est méchant... Mais là où l'on vend à la fois du PC et du Mac, on m'a plutôt encouragée à demeurer dans la grande famille de l'ordinateur PC : les problèmes de compatibilité entre les utilisateurs de PC (plus nombreux) et de Mac sont fréquents, certains logiciels ne sont pas disponibles en format Mac, les produits Mac sont plus chers, seule l'élite peut se payer un Mac...

Bref, après avoir pesé les pours et les contres, j'étais convaincue qu'il me valait mieux demeurer fidèle aux PC... Et j'ai couru m'acheter un Mac !!! Aucun des arguments qui m'ont été servis m'ont convaincue d'acheter un Mac. Je n'ai aucune envie d'être associée à une certaine élite, je ne considère pas Bill Gates comme un ennemi... Tout ça me passe loin au-dessus de la tête, à vrai dire. J'aime les Mac, j'aime leur design, leur format, leur look, je les trouve cool, je les trouve inspirants, amusants... Voilà pourquoi j'ai acheté un Mac. Et puis, il faut avouer qu'il est terriblement satisfaisant de rejeter du revers de la main tous les arguments logiques et d'écouter son coeur. Il y a quelque chose de très libérateur dans le fait d'agir de façon complètement irrationnelle.

Par contre, je dois avouer une petite déception : j'ai commandé mon nouvel ordi il y a plusieurs semaines déjà. Vendredi dernier, dernier jour où j'avais l'occasion de me rendre à Québec avant mon départ, il n'était toujours pas arrivé. J'ai donc dû me rabattre sur ce qu'il y avait en stock : un MacBook noir, avec une plus petite mémoire (je préférais les blancs, surtout que pour la même grosseur de disque dur et pour la même mémoire, ils étaient moins chers). Malgré tout, c'est avec beaucoup de plaisir que j'ai sorti mon Mac de sa boîte. Une amie, qui vit entourée de Ferdinus (son nouveau portable) et de Ti-Gus (sa voiture), m'a convaincue de baptiser à mon tour mon nouveau portable, Marcolito. La famille s'agrandit !